05 mai 2010

"Réfugiée" à Bethléem, par Myriam Tonus, chroniqueuse

Parce qu’un volcan a “fait un pet”, l’Occident découvre sa vulnérabilité et son manque d’humilité.

Aujourd’hui, à Bethléem, il y a heureusement de la place à l’hôtellerie pour les voyageurs qui, comme moi, se trouvent dans l’impossibilité de regagner leur pays. Etre assignée à résidence dans la bourgade qui vit naître Jésus n’est pas le pire des sorts, au regard de l’étau qui - cela crève davantage les yeux à chaque visite - se referme sur la Cisjordanie.

Le check-point d’accès à Bethléem s’appelle désormais "terminal": tout un symbole! Des kilomètres de mur au tracé erratique cisaillent le paysage et les colonies métastasent à grande vitesse ce qui reste des territoires palestiniens. Les identités potentiellement meurtrières - juive, musulmane, chrétienne, même - ont des poussées de fièvre, se toisent et s’excluent. Les nœuds, ici, sont devenus tellement inextricables qu’on en viendrait à désespérer du genre humain, s’il n’y avait ces quelques hommes, quelques femmes de bonne volonté qui choisissent de se parler, de se rencontrer, d’œuvrer ensemble pour semer, en ce pays qui ressemble à un champ de mines, des graines d’espérance et de paix.

A l’hôtel où nous nous éternisons, scotchés aux nouvelles de l’espace aérien, les serveurs sourient: "Vous n’êtes pas habitués à l’insécurité, n’est-ce pas?" Ils sont, eux, tellement habitués aux restrictions de circulation, aux attentes interminables, aux décisions arbitraires que leur colère et leur désespoir ne trouvent même plus d’issue. Que pourrions-nous leur répondre, nous qui possédons le sésame des sésames: un passeport européen Encore quelques jours et nous aurons sans doute quitté Bethléem et ses habitants pour regagner ce qui leur apparaît peut-être bien comme un éden.

Un éden, vraiment?

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