29 novembre 2016

Mes derniers articles sur le site de LARCENCIEL (juillet 2014)



Rob Hopkins, Comment avez-vous lancé la première "ville en transition" ?
Rob Hopkins, enseignant britannique d’une quarantaine d’années, lançait il y a quelques années "les villes en transition". Un réseau international de localités dont l’objectif est simple : relocaliser leurs activités pour limiter leur dépendance à l’extérieur et choisir elles-mêmes leur mode de (...)

Kawsak Sacha, Forêt vivante
Un formidable projet se prépare, fédérant 7 nationalités indiennes (dont Sarayaku)
« Kawsak Sacha » (Forêt Vivante), sans doute la première expérience de ce niveau, à l’échelle mondiale, où des peuples premiers tentent de faire reconnaître à l’humanité la nécessité de préserver les forêts tropicales et assurer la continuité des peuples qui y vivent.

Un jeune pommier
Je m’en vais dans le champ avec un jeune pommier à planter. Je le pose par terre, je le tourne, je regarde ses branches à peine ébauchées prendre leur place dans l’espace qui les entoure. Un arbre a besoin de deux choses : de substance sous terre et de beauté extérieure. Ce sont des créatures (...)

Terral, une contribution à la sécurité alimentaire au Sénégal
Le Sénégal importe 70% de son riz alors que la consommation de riz frôle 90 kilos par personne et par an. Pourtant, la production de riz y est bien présente.
Que se passe-t-il ?
Le riz cultivé au Sénégal est essentiellement issu d’exploitations familiales, Ce riz local a du mal à quitter (...)

Un site à découvrir : Djanatu al-Arif (Le Jardin du Connaissant)

Djanatu al-Arif (Le Jardin du Connaissant) est une fondation de droit algérien qui entend participer à la construction de l’homme dans la dignité, par la beauté et avec sagesse. Elle œuvre pour plus de co-citoyenneté et de « convivance » entre tous et toutes, en contribuant à entretenir une dynamique génératrice de synergies et d’échanges...


PROCHAIN STAGE DECOUVERTE DU MANDALA
Deux journées pour s’initier aux différentes utilisations du Mandala, pour soi, pour ses enfants, dans son travail, avec ses proches... ceux qu’on instruit, qu’on soigne ou qu’on accompagne... Il est possible de s’inscrire dès maintenant.

La Maison Blanche appelle à agir "d’urgence" face au changement climatique,
en dévoilant mardi un état des lieux des effets déjà constatés et prévisibles de ce phénomène sur le territoire américain et l’économie.

Forum mondial sur l’accès à la terre et aux ressources naturelles (FMAT 2015).
APPEL
Dix ans après le Forum Mondial sur la Réforme Agraire FMRA (Valencia, 2004) et la Conférence Internationale sur la Réforme Agraire et le Développement Rural CIRADR (Porto Alegre, 2006), et dans le prolongement de l’Année Internationale des Agricultures Familiales (AIAF), nous, signataires du (...)


Le Bhoutan et le Bonheur National Brut
Les clefs du bonheur ?
La première journée internationale du bonheur Le 20 mars 2013 était la première journée internationale du bonheur. Ce sont les Nations Unies qui l’ont décidé l’an dernier jugeant que la recherche du bonheur est un des objectifs fondamentaux de l’être humain. Les 193 Etats membres de l’organisation (...)

PALESTINE : UN REPORTAGE de GRÉGOIRE COMHAIRE
envoyé spécial À RAMALLAH et JÉRUSALEM
1. Mirage à Ramallah Alors que le processus de paix israélo-palestinien s’enlise, Ramallah affiche une image de cité prospère. Mais si certains habitants sont des privilégiés, la réalité n’est jamais loin.
2. Cisjordanie : Rester, c’est résister A plus de 200 mètres en dessous du niveau de la mer, la ville (...)

Les abeilles victimes de l’agriculture : espoirs et blocages...
"Il y a 30 ans, les apiculteurs travaillaient en autarcie”, se remémore Etienne Bruneau qui dirige le centre de recherche et d’information pour les apiculteurs francophones (CARI). “C’était un monde complètement fermé et très mal informé qui se composait exclusivement d’amateurs. Mais à l’époque ça ne (...)

Un jeu coopératif : Les Indiens contre les géants du Pétrole
Ce jeu est un jeu coopératif qui sensibilise les participants, à partir de 10 ans, à une autre culture, celle de la communauté indienne de Sarayaku, et à la thématique de l’exploitation pétrolière. Il les amène à poser une réflexion sur notre mode de vie occidental, sur la prise de conscience de (...)

"Il me cherche"
Rubrique : EDUCATION : QUELQUES PISTES
EXTRAITS d’un article de Laurence Dardenne (La Libre, 10 mai 2014) sur le livre "Il me cherche" d’Isabelle Filliozat, psychothérapeute, directrice de l’école des Intelligences relationnelle et émotionnelle.
Adorables par moments, exaspérants aussi souvent. Mais que peut-il bien se passer dans leur (...)

ENTRE LE TTIP ET L’IDENTITÉ EUROPÉENNE, IL FAUT CHOISIR
L’analyse Pierre Defraigne
Je relève les points qui me parlent le plus, et m’attache plus aux conséquences sur le reste du monde (MS)
Nous ouvrons, avec retard puisque la négociation est déjà engagée, le débat sur le TTIP, le projet d’accord commercial transatlantique entre l’UE (...)

Chaque espace communautaire aménagé...
Trois moments du Parc de Chevetogne
Le matin, les étangs, les iris Un parc est la "représentation concrétisée" de l’utopie. C’est une conjonction idéale de la prodigalité de la nature et du génie créatif de l’homme. Un parc est "le" dessein révolutionnaire "universel" et "absolu". Il dit : "Rien ne nous (...)

Désamorcer l’islam radical - ces dérives sectaires qui défigurent l’islam
Jean-Michel Corre. 8 mai 2014
EXTRAITS de la note de lecture à propos du livre de Dounia Bouzar [[Sur l’auteur : Dounia Bouzar, Française convertie adulte à l’islam, éducatrice à la Protection judiciaire de la jeunesse, membre de diverses commissions sur les questions de difficultés (...)

Palestine. Le reportage de G. Commaire
A VOIR DIRECTEMENT sur mon Blog-Palestine LES EXTRAITS que je reprends du reportage parus dans La Libre en avril 2014

La créativité se cultive en labo
Cette dernière a répondu à l’appel à projet de la Région wallonne "car notre équipe pédagogique est elle-même très créative et que la pensée créative était déjà encouragée au sein du cursus. Mais aussi parce que nous constations que la plupart des étudiants de 3e année éprouvaient de grosses difficultés à (...)

Pourquoi devenir coopérateur NewB ?
Déjà près de 48.000 citoyens en Belgique construisent leur (nouvelle) banque. Et vous ?
Comment participer ? Comment acheter une part au moins et devenir coopérateur ?
Quelle banque construisons-nous ?

Le Prix belge de l’Energie et de l’Environnement
Palmarès de la 9ème édition du PRIX BELGE DE L’ENERGIE ET DE L’ENVIRONNEMENT.
Eco-Citizen Award
Ce Prix est remis à un citoyen dont les réalisations remarquables se sont soldées par une amélioration manifeste de la qualité de l’environnement de son espace de vie, de son quartier, sa ville, ... ou par des retombées favorables sur l’utilisation et/ou l’économie d’énergie.

Robin des Bois
Les CREATIVE COMMONS et les droits d’auteur
Dans une société, il y a des zones de droit et des zones de non-droit. La forêt était jadis une zone de non-droit infestée de malandrins et de voleurs. Un jour, pourtant, un voyageur traversant la forêt de Sherwood constata que tous les voleurs portaient une sorte d’uniforme ; ils portaient tous un (...)

Un visage, une histoire

























 Une exposition à HUY, à l'initiative de Dora-Dorës

Les difficultés d'intégration socioprofessionnelle de femmes et d'hommes issus de l'immigration - témoignages.

Un projet imaginé et conçu par Paola Guillen, animatrice de l'ASBL Dora Dorës *

1. Le contexte
2. Le projet
3. Ce qu'en dit Paola
4. Et bientôt une rencontre-débat, à Huy (Hôtel de Ville), le jeudi 15 décembre à 19h. ; "Venus d'ailleurs... Où sont passées nos compétences ?" 
5. Textes en marge de l'exposition

1. Le contexte ...

Plus d'une centaine de femmes et d'hommes étudient le français langue étrangère à l'ASBL Dora Dorës. Outre cette offre de formation, l'équipe de Dora Dorës accompagne au quotidien les femmes et les hommes qui fréquentent l'ASBL : elle écoute leurs témoignages et les difficultés qu'ils rencontrent, elle les guide dans leurs démarches professionnelles et leur intégration sociale, elle organise une permanence juridique ...

Ce travail de terrain a fortement sensibilisé le personnel de Dora Dorës à la problématique de ces hommes et de ces femmes dont un grand pourcentage a une formation professionnelle dans son pays d' origine. C'est d'ailleurs dans ce questionnement que se trouve l'origine de l'ASBL. En 2003, Hamide Canolli, elle-même issue de l'immigration, a créé Dora Dorës pour contribuer à la reconnaissance des migrants. Elle s'est engagée pour que ceux-ci puissent exister dans la ville. Elle s'est particulièrement battue pour permettre à d'autres femmes de participer à la vie de Huy et d'être reconnues pour leurs propres qualités. Ce combat fut mené alors que les habitants hutois étaient peu préparés à l'accueil des migrants (le phénomène migratoire était alors assez récent) et que la culture albanaise, dont elle est originaire, laisse peu de place aux femmes en dehors de la cellule familiale.

Depuis la création de l'ASBL, la Ville de Huy a donc vu les origines migratoires se multiplier et se diversifier. Beaucoup d'institutions et d'associations hutoises manquent cependant encore d'outils pour s'adapter à ce contexte, ce qui engendre encore trop de comportements discriminatoires et racistes à Huy. L'ASBL n'a cessé d'être confrontée à la réalité actuelle qui est telle que les travailleurs immigrés, hommes ou femmes, occupent des postes ma1 payés pour lesquels ils sont surqualifiés. Ils sont également soumis à des horaires contraignants et atypiques dans les secteurs du nettoyage ou encore de la restauration. Il n'est de plus pas rare qu'ils soient employés en noir, ce qui les prive d'une protection sociale. Une majeure partie des travailleurs issus de l'immigration occupe un emploi nettement inférieur et ne correspondant pas à leurs qualifications. Comme souligné à plusieurs reprises, cela signifie que nombre d'entre eux ont un parcours professionnel dans leur pays d'origine qui est dévalorisé dans le pays d'accueil.
Dans ce contexte, le projet "Un visage, un projet de vie" permet aux personnes migrantes de travailler la confiance en soi et l'expression libre (essentielle pour pouvoir revendiquer ses qualification et son projet de vie), de réfléchir sur la thématique et d'oser participer à la vie de leur ville.

2. Le projet ...


Depuis que Paola Guillen Crespo est active à l'ASBL Dora Dorës, elle a côtoyé de nombreuses personnes issues de l'immigration avec qui elle a partagé les difficultés d'intégration socioprofessionnelle dans la société belge. Elle a réalisé que cette réflexion sur les difficultés d'insertion était le point commun du parcours socioprofessionnel des personnes migrantes. Certaines personnes ont un parcours professionnel dans leur pays d'origine, parcours qui n'est pas reconnu en Belgique malgré les équivalences. Parmi les obstacles rencontrés, elles sont confrontées à la barrière de la langue, aux stéréotypes, aux démarches administratives mais surtout à un manque d'estime de soi. Ce manque de confiance en soi rend l'intégration sur le marché du travail difficile.

Paola a eu envie de compiler les témoignages de ces hommes et de ces femmes, d'offrir à ceux-ci un espace de parole, d'échanges et de partages sur leur parcours de vie socioprofessionnel. Concrètement, les personnes migrantes sont invitées à partager leur projet de vie, leurs sentiments, leurs rêves pour le futur, leur parcours socioprofessionnel dans leur pays d'origine et celui depuis leur arrivée en Belgique.

Au-delà de la création d'un espace de partage des témoignages et de valorisation des apprenants, l'exposition du projet vise à sensibiliser, interpeller et déconstruire, auprès d'un large public, les stéréotypes et les préjugés liés à la vie professionnelle et aux projets de vie des migrants.

3. Ce qu'en dit Paola, auteure du projet

"Un visage, une histoire"
par Paola Guillen Crespo

Ce projet signifie beaucoup pour moi : cela a été un vrai plaisir de vivre cette expérience. Avoir l'opportunité de partager avec tant de personnes de cultures différentes, c'est une chance incroyable, l'une des plus riches qui soient arrivées dans ma vie.

Découvrir toutes ces histoires multicolores a transformé mon regard et l'a élargi. Les parcours qui sont cachés derrière chaque visage que j'ai rencontré m'ont fait sourire, pleurer, réfléchir et m'ont tout autant émerveillée.

Ce sont des histoires qui me donnent de l'élan, des histoires qui ne peuvent pas rester enfermées parce qu'elles gagnent à être entendues. Des histoires qui montrent qu'il y a encore beaucoup de travail à accomplir pour dépasser les difficultés et les obstacles, afin que l'insertion socioprofessionnelle soit une réalité, soit une possibilité.

Ces rencontres avec plus d'une vingtaine de nationalités ont confirmé ce que mon expérience m'a appris : l'un des premiers obstacles pour trouver un travail, c'est la confiance en soi, celle que l'on perd lorsqu'on arrive ici. Sans le vouloir, sans nous en rendre compte et même si l'on a un grand bagage professionnel dans notre parcours, quand on arrive ici, au début, on est simplement des "étrangers" et beaucoup d'entre nous ont peur de ce que ce mot signifie. On a peur de ne pas être acceptés, de ne pas être à la hauteur intellectuellement ou de par nos études. Dans le regard des autres, il y a tous ces préjugés que l'on entend à la radio, à la télé, dans notre voisinage. Tous ces préjugés, malheureusement toujours d'actualité, renforcent l'idée que, parce qu'on est étranger, on devrait laisser toutes nos études, toutes nos expériences, tous nos rêves derrière nous et recommencer à zéro, en nous limitant à ces emplois qui nous sont destinés du fait que nous soyons étrangers.

Ces rencontres qui m'ont confirmé que des phrases comme : "Tu peux", "Essaye", "Persévère", "Je crois en toi", nous donnent un vrai élan, le courage pour au moins essayer de commencer ce long chemin vers notre inclusion sociale et professionnelle.

Ces rencontres qui m'ont aussi confirmé que cette envie d'agir, d'aller plus loin, de résister, de nous battre, de réfléchir aux solutions pour réussir à atteindre nos rêves, elle est à l'intérieur de chacune des personnes que j'ai rencontrées et elle a juste besoin d'un petit coup de pouce pour prendre vie.

Grâce à Dora Dores, à ces rencontres et à ces partages, toutes les histoires des participants sortiront à la lumière.
Quel est le but de cette exposition? Interpeller, sensibiliser, réfléchir ensemble, chercher des pistes de solution et démonter les stéréotypes, les préjugés et la discrimination, très présents dans le regard de la société, et qui contribuent à créer une approche simpliste de la problématique sur l'insertion socio-professionnelle et le projet de vie de ces hommes et de ces femmes issus de l'immigration.

Peut-être, après avoir pris connaissance de ces histoires, la société qui nous accueille nous regardera-t-elle au-delà des apparences et de nos différences. Peut-être découvrira-t-elle ce qui nous rapproche, ce qui nous est commun et l'envie de travailler ensemble.

Il y a de nombreuses années d'expériences de travail de toutes sortes parmi nous. Au lieu de les gaspiller, ne gagnerions-nous pas tous à les reconnaître ? Il y a l'envie d'être des citoyens actifs et productifs dans le pays qui nous accueille. Nous aussi nous rêvons de construire une société plus juste, plus tolérante, plus interculturelle. Allons-y ensemble !

4. Une rencontre-débat, à Huy (Hôtel de Ville), le jeudi 15 décembre à 19h. :

 "Venus d'ailleurs... Où sont passées nos compétences ?" 

Conférence –Débat 

En présence de témoins de Dora dorës et animée par  Hervé Persain, Animateur / Formateur au Centre Culturel de Huy

Dans le cadre de l’exposition “Un visage - Une histoire “

Dora dorës asbl en partenariat avec le Ville de Huy, Centre Culturel de Huy et Comité d’action laîque de Huy
Réservation souhaitées chez Dora dorës 085 514346
Info: Ville de Huy 085217821


* Dora Dorës asbl
Lieu de ressources, de formation et de solidarité 
pour les personnes issues de l'immigration

 5. Information en marge de l’exposition UN VISAGE, UNE HISTOIRE : voir sur mon site de larcenciel (où se trouve un pdf à télépcharger)

07 novembre 2016

CETA, pour conclure ?


Bonjour,
Ayant envoyé, mon épouse et moi, un message de soutien à Paul Magnette au sujet du Ceta, nous avons reçu, comme tous les auteurs de messages de soutien, je suppose, la réponse qui suit.
Je la publie vu son intérêt, et je me permets de souligner (en bleu) quelques passages sur lesquels je trouve utile d'attirer l'attention du lecteur.
bonne lecture.
Michel Simonis


Chère Madame,
Cher Monsieur,

Votre message de soutien m’est bien parvenu et je tenais, à présent, à prendre le temps de vous écrire pour vous dire qu’avec de très nombreux autres témoignages de confiance et de sympathie, il a contribué à affermir ma position et celle du Gouvernement wallon au cours de ces importantes journées. Ce soutien m’a donné beaucoup d’énergie et de courage dans cette négociation qui a été très difficile. C’est grâce à lui que j’ai pu résister aux pressions et aux ultimatums et qu’aujourd’hui nous pouvons affirmer que ce combat en valait la peine.

Comme je l’ai dit d’emblée, notre action ne va pas à l’encontre d’un commerce loyal que nous souhaitons développer avec le pays partenaire et ami qu’est le Canada. Elle traduit, en revanche, la volonté d’établir ces échanges sur des bases saines, progressistes et durables, afin de faire de ce traité une référence en la matière, fixant les standards européens pour toutes les futures négociations avec les pays qui ont le même niveau de développement que nous. Grâce à cette mobilisation de la société civile et à la résistance constructive des autorités wallonnes, ce texte deviendra la nouvelle règle en la matière, ce qui signifie qu’on n’acceptera plus jamais un traité qui ne soit pas au moins aussi exigeant que celui-là.

Cette position, nous l’avons forgée sur base d’une analyse approfondie de ce projet d’accord commercial, menée depuis près de deux ans - avant même que le traité ne soit définitif - par notre Parlement, avec le concours de nombreux experts et en dialogue avec la société civile, largement mobilisée pour relayer les préoccupations des associations et des citoyens. Cette position, mûrement réfléchie, le Parlement de Wallonie l’a formalisée dans une résolution soutenue par une très large majorité, déposée dès le 2 octobre 2015, et nous l’avons exprimée à la Commission européenne depuis plus d’un an, en exposant en des termes clairs les problèmes que nous posait ce texte. Le Parlement wallon a fait son devoir démocratique, dans les cadres belge et européen qui lui confèrent cette prérogative, pour traduire les inquiétudes et les aspirations des citoyens.

Nos remarques n’ont commencé à être prises en compte que ces dernières semaines, ce que je regrette. Elles ont toutefois ouvert la voie à un dialogue, notamment avec le Canada, qui a permis d’engranger des acquis indéniables.

Ainsi, nous avons obtenu la clarification des termes du traité grâce à un « instrument interprétatif » conjoint tel que prévu à l’article 31 de la Convention de Vienne qui stipule que les instruments visant à préciser les intentions des parties ont force obligatoire. Une table de concordance des dispositions juridiques du Ceta et de l’instrument garantit cette interprétation.

Dans ce cadre, l’arbitrage privé - inacceptable pour nous - a été remplacé par un mécanisme public de règlement des différends entre États et investisseurs dont les formes ont été précisées. Il s’agira d’une Cour publique composée de juges totalement indépendants - semblables à ceux de la Cour de justice de l’Union européenne - et nommés par le Conseil européen, sur proposition des États membres. Ils seront, par ailleurs, soumis à un code de conduite strict prévenant tout conflit d’intérêts avant, pendant et après leur mandat. Les États pourront, en outre, contester les décisions de ce tribunal devant un Tribunal d’appel, qui présentera les mêmes garanties d’indépendance. Un système sera également institué pour permettre l’accès des PME à ce mécanisme. Pour garantir la mise en œuvre de tous ces éléments, les dispositions relatives au mécanisme de règlement des différends n’entreront pas en vigueur aussi longtemps que l’ensemble des procédures de ratification des parlements nationaux et régionaux ne seront pas clôturées. La Wallonie a d’ores et déjà indiqué que, si ce futur mécanisme ne correspond pas à ses ambitions, le Parlement wallon refusera la ratification du Ceta.

Autre point essentiel, nous avons préservé le droit des États à légiférer. L’instrument précise ainsi explicitement que les États pourront continuer à légiférer pour revoir à la hausse leurs normes en matière de protection et de promotion de la santé publique, de services sociaux et éducatifs, d’environnement, d’éthique, de protection des consommateurs, de la vie privée, des données et de la diversité culturelle et ce, sans craindre de devoir payer des indemnités à une entreprise qui s’estimerait préjudiciée dans ses bénéfices.
Il en va de même en matière de coopération réglementaire. Le traité laissait craindre la constitution d’un forum acquis aux multinationales, s’imposant comme une autorité régulatrice de substitution aux assemblées démocratiques. La Wallonie a obtenu que ce forum soit uniquement composé d’autorités publiques mais aussi que cette coopération se déroule exclusivement sur une base volontaire et que, si elle est utilisée, ses résultats ne soient également mis en œuvre que sur une base volontaire. En Belgique, cette faculté sera, en outre, conditionnée à un accord préalable des parlements.

Nous avons pu également éloigner le spectre du « cheval de Troie » qui planait sur l’ancien Ceta. Des entreprises multinationales américaines ne pourront pas utiliser un système de « boîte aux lettres » au Canada pour accéder au marché européen, dès lors que seules les entreprises ayant des activités économiques substantielles dans ce pays, telles que définies par le Traité de l’OMC sur le Commerce des services, pourront profiter des avantages offerts par le traité.

Les acquis sont également nombreux en matière de sauvegarde des services publics : services éducatifs, culturels, de santé, sociaux, de placement de personnel, de recherche et développement, de distribution d’eau, liés à l’énergie…   qui sont explicitement exclus de l’accord. La Wallonie a également obtenu la garantie explicite que nos services d’intérêt économique général seront protégés et que nos mutuelles pourront continuer à offrir un service accessible à tous, sans être mises en concurrence avec des assureurs privés. Personne ne pourra imposer la privatisation d’un service public, un État pourra renationaliser un service ouvert aux opérateurs privés sans crainte d’un recours devant le mécanisme de règlement des différends et la Belgique conservera le droit de définir et de protéger de nouveaux services dans l’intérêt général.

En matière d’agriculture, la Wallonie a obtenu le maintien des clauses de sauvegarde prévues par le traité du GATT. Ces clauses pourront être invoquées si l’augmentation des exportations d’un produit, telle que la viande de bœuf, risque de causer un préjudice important à notre sécurité alimentaire ou à la sauvegarde de la vie rurale, de la nature et de la biodiversité. Par ailleurs, les produits importés devront scrupuleusement respecter nos normes sanitaires, aussi bien belges qu’européennes. Le principe de précaution applicable en Wallonie est donc bien conservé et, dans ce cadre, la culture et la vente d’OGM ainsi que le recours aux hormones sont strictement interdits. La Belgique conservera également le droit de proposer ultérieurement de nouvelles appellations d’origine contrôlée.

Le texte fait aussi explicitement référence aux prescrits internationaux en matière de développement durable, de changement climatique (accords de Paris) et de protection des travailleurs (conventions de l’OIT). La Belgique et ses Régions conservent donc le droit d’édicter des normes ambitieuses dans ces matières. Tant la Belgique que la Wallonie garderont la possibilité de conditionner l’octroi d’un marché public à des clauses sociales et environnementales et le dumping social est explicitement interdit dans le texte.

Ces changements, ces précisions, ces clarifications et ces dissipations d’ambiguïtés dont nous savons combien elles sont dangereuses, la « petite » Wallonie les a obtenus seule, par l’implication sans égale de son Parlement et grâce à la vigilance précoce et la mobilisation exemplaire de la société civile européenne qui n’a guère trouvé d’autres relais institutionnels. Ce combat, la Wallonie ne l’a pas mené uniquement pour elle-même mais bien pour ces préoccupations communes et en faveur d’une Europe du progrès, conforme à ses aspirations originelles et aux attentes de ses populations.

Une chose est sûre, c’est que ce mouvement fera date. Une page est tournée dans la manière d’élaborer des traités. À l’avenir, on ne pourra plus les négocier de manière secrète. Nous avons de facto imposé l’obligation de le faire démocratiquement, dans un débat beaucoup plus précoce avec les citoyens.

En vous remerciant une fois encore pour votre soutien et pour une mobilisation qui, seule, est porteuse de tous les espoirs, je vous prie de croire, chère Madame, cher Monsieur, à l’assurance de mes sentiments les meilleurs.

Paul Magnette
Paul.Magnette@gov.wallonie.be