29 novembre 2016

Un visage, une histoire

























 Une exposition à HUY, à l'initiative de Dora-Dorës

Les difficultés d'intégration socioprofessionnelle de femmes et d'hommes issus de l'immigration - témoignages.

Un projet imaginé et conçu par Paola Guillen, animatrice de l'ASBL Dora Dorës *

1. Le contexte
2. Le projet
3. Ce qu'en dit Paola
4. Et bientôt une rencontre-débat, à Huy (Hôtel de Ville), le jeudi 15 décembre à 19h. ; "Venus d'ailleurs... Où sont passées nos compétences ?" 
5. Textes en marge de l'exposition

1. Le contexte ...

Plus d'une centaine de femmes et d'hommes étudient le français langue étrangère à l'ASBL Dora Dorës. Outre cette offre de formation, l'équipe de Dora Dorës accompagne au quotidien les femmes et les hommes qui fréquentent l'ASBL : elle écoute leurs témoignages et les difficultés qu'ils rencontrent, elle les guide dans leurs démarches professionnelles et leur intégration sociale, elle organise une permanence juridique ...

Ce travail de terrain a fortement sensibilisé le personnel de Dora Dorës à la problématique de ces hommes et de ces femmes dont un grand pourcentage a une formation professionnelle dans son pays d' origine. C'est d'ailleurs dans ce questionnement que se trouve l'origine de l'ASBL. En 2003, Hamide Canolli, elle-même issue de l'immigration, a créé Dora Dorës pour contribuer à la reconnaissance des migrants. Elle s'est engagée pour que ceux-ci puissent exister dans la ville. Elle s'est particulièrement battue pour permettre à d'autres femmes de participer à la vie de Huy et d'être reconnues pour leurs propres qualités. Ce combat fut mené alors que les habitants hutois étaient peu préparés à l'accueil des migrants (le phénomène migratoire était alors assez récent) et que la culture albanaise, dont elle est originaire, laisse peu de place aux femmes en dehors de la cellule familiale.

Depuis la création de l'ASBL, la Ville de Huy a donc vu les origines migratoires se multiplier et se diversifier. Beaucoup d'institutions et d'associations hutoises manquent cependant encore d'outils pour s'adapter à ce contexte, ce qui engendre encore trop de comportements discriminatoires et racistes à Huy. L'ASBL n'a cessé d'être confrontée à la réalité actuelle qui est telle que les travailleurs immigrés, hommes ou femmes, occupent des postes ma1 payés pour lesquels ils sont surqualifiés. Ils sont également soumis à des horaires contraignants et atypiques dans les secteurs du nettoyage ou encore de la restauration. Il n'est de plus pas rare qu'ils soient employés en noir, ce qui les prive d'une protection sociale. Une majeure partie des travailleurs issus de l'immigration occupe un emploi nettement inférieur et ne correspondant pas à leurs qualifications. Comme souligné à plusieurs reprises, cela signifie que nombre d'entre eux ont un parcours professionnel dans leur pays d'origine qui est dévalorisé dans le pays d'accueil.
Dans ce contexte, le projet "Un visage, un projet de vie" permet aux personnes migrantes de travailler la confiance en soi et l'expression libre (essentielle pour pouvoir revendiquer ses qualification et son projet de vie), de réfléchir sur la thématique et d'oser participer à la vie de leur ville.

2. Le projet ...


Depuis que Paola Guillen Crespo est active à l'ASBL Dora Dorës, elle a côtoyé de nombreuses personnes issues de l'immigration avec qui elle a partagé les difficultés d'intégration socioprofessionnelle dans la société belge. Elle a réalisé que cette réflexion sur les difficultés d'insertion était le point commun du parcours socioprofessionnel des personnes migrantes. Certaines personnes ont un parcours professionnel dans leur pays d'origine, parcours qui n'est pas reconnu en Belgique malgré les équivalences. Parmi les obstacles rencontrés, elles sont confrontées à la barrière de la langue, aux stéréotypes, aux démarches administratives mais surtout à un manque d'estime de soi. Ce manque de confiance en soi rend l'intégration sur le marché du travail difficile.

Paola a eu envie de compiler les témoignages de ces hommes et de ces femmes, d'offrir à ceux-ci un espace de parole, d'échanges et de partages sur leur parcours de vie socioprofessionnel. Concrètement, les personnes migrantes sont invitées à partager leur projet de vie, leurs sentiments, leurs rêves pour le futur, leur parcours socioprofessionnel dans leur pays d'origine et celui depuis leur arrivée en Belgique.

Au-delà de la création d'un espace de partage des témoignages et de valorisation des apprenants, l'exposition du projet vise à sensibiliser, interpeller et déconstruire, auprès d'un large public, les stéréotypes et les préjugés liés à la vie professionnelle et aux projets de vie des migrants.

3. Ce qu'en dit Paola, auteure du projet

"Un visage, une histoire"
par Paola Guillen Crespo

Ce projet signifie beaucoup pour moi : cela a été un vrai plaisir de vivre cette expérience. Avoir l'opportunité de partager avec tant de personnes de cultures différentes, c'est une chance incroyable, l'une des plus riches qui soient arrivées dans ma vie.

Découvrir toutes ces histoires multicolores a transformé mon regard et l'a élargi. Les parcours qui sont cachés derrière chaque visage que j'ai rencontré m'ont fait sourire, pleurer, réfléchir et m'ont tout autant émerveillée.

Ce sont des histoires qui me donnent de l'élan, des histoires qui ne peuvent pas rester enfermées parce qu'elles gagnent à être entendues. Des histoires qui montrent qu'il y a encore beaucoup de travail à accomplir pour dépasser les difficultés et les obstacles, afin que l'insertion socioprofessionnelle soit une réalité, soit une possibilité.

Ces rencontres avec plus d'une vingtaine de nationalités ont confirmé ce que mon expérience m'a appris : l'un des premiers obstacles pour trouver un travail, c'est la confiance en soi, celle que l'on perd lorsqu'on arrive ici. Sans le vouloir, sans nous en rendre compte et même si l'on a un grand bagage professionnel dans notre parcours, quand on arrive ici, au début, on est simplement des "étrangers" et beaucoup d'entre nous ont peur de ce que ce mot signifie. On a peur de ne pas être acceptés, de ne pas être à la hauteur intellectuellement ou de par nos études. Dans le regard des autres, il y a tous ces préjugés que l'on entend à la radio, à la télé, dans notre voisinage. Tous ces préjugés, malheureusement toujours d'actualité, renforcent l'idée que, parce qu'on est étranger, on devrait laisser toutes nos études, toutes nos expériences, tous nos rêves derrière nous et recommencer à zéro, en nous limitant à ces emplois qui nous sont destinés du fait que nous soyons étrangers.

Ces rencontres qui m'ont confirmé que des phrases comme : "Tu peux", "Essaye", "Persévère", "Je crois en toi", nous donnent un vrai élan, le courage pour au moins essayer de commencer ce long chemin vers notre inclusion sociale et professionnelle.

Ces rencontres qui m'ont aussi confirmé que cette envie d'agir, d'aller plus loin, de résister, de nous battre, de réfléchir aux solutions pour réussir à atteindre nos rêves, elle est à l'intérieur de chacune des personnes que j'ai rencontrées et elle a juste besoin d'un petit coup de pouce pour prendre vie.

Grâce à Dora Dores, à ces rencontres et à ces partages, toutes les histoires des participants sortiront à la lumière.
Quel est le but de cette exposition? Interpeller, sensibiliser, réfléchir ensemble, chercher des pistes de solution et démonter les stéréotypes, les préjugés et la discrimination, très présents dans le regard de la société, et qui contribuent à créer une approche simpliste de la problématique sur l'insertion socio-professionnelle et le projet de vie de ces hommes et de ces femmes issus de l'immigration.

Peut-être, après avoir pris connaissance de ces histoires, la société qui nous accueille nous regardera-t-elle au-delà des apparences et de nos différences. Peut-être découvrira-t-elle ce qui nous rapproche, ce qui nous est commun et l'envie de travailler ensemble.

Il y a de nombreuses années d'expériences de travail de toutes sortes parmi nous. Au lieu de les gaspiller, ne gagnerions-nous pas tous à les reconnaître ? Il y a l'envie d'être des citoyens actifs et productifs dans le pays qui nous accueille. Nous aussi nous rêvons de construire une société plus juste, plus tolérante, plus interculturelle. Allons-y ensemble !

4. Une rencontre-débat, à Huy (Hôtel de Ville), le jeudi 15 décembre à 19h. :

 "Venus d'ailleurs... Où sont passées nos compétences ?" 

Conférence –Débat 

En présence de témoins de Dora dorës et animée par  Hervé Persain, Animateur / Formateur au Centre Culturel de Huy

Dans le cadre de l’exposition “Un visage - Une histoire “

Dora dorës asbl en partenariat avec le Ville de Huy, Centre Culturel de Huy et Comité d’action laîque de Huy
Réservation souhaitées chez Dora dorës 085 514346
Info: Ville de Huy 085217821


* Dora Dorës asbl
Lieu de ressources, de formation et de solidarité 
pour les personnes issues de l'immigration

 5. Information en marge de l’exposition UN VISAGE, UNE HISTOIRE : voir sur mon site de larcenciel (où se trouve un pdf à télépcharger)

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