24 octobre 2016

"CETA, C'EST ASSEZ ?"

titre le
Le Courrier (Genève)
Vendredi 21 octobre 2016
Philippe Bach

L’histoire pourrait être drôle. La petite région de Wallonie (3,5 millions de personnes) est en train de bloquer la mise sous toit d’un accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada. Depuis hier soir se tient une réunion de la dernière chance des ambassadeurs des 28 Etats-membres de l’Union européenne pour tenter de sauver ce texte controversé qui devait être signé le 27 octobre.
Connu sous l’acronyme anglo-saxon de CETA, (pour Accord économique et commercial global) ce texte libéralise les échanges entre ces deux économies. Et surtout, assure une sécurité accrue aux investisseurs. Comme pour la plupart de ces traités liberticides et visant à priver l’Etat de sa capacité d’agir –TISA, AGCS et autres TTIP –, le CETA porte en lui le principe de primauté du privé.
Dans un marché libre et non faussé, des secteurs comme la santé,  l’éducation ou l’énergie ne doivent pas souffrir de l’ingérence de l’Etat. Et cela peut mener relativement loin. En Allemagne, la gauche ferraille contre ce texte, échaudée par une plainte déposée par la société suédoise Vattenfall contre l’Etat. Cette société, qui exploite deux centrales nucléaires outre-Rhin, demande compensation à la suite de la décision du gouvernement allemand en 2012 de sortir de l’atome.
Sentant le vent du boulet, les négociateurs de l’accord CETA ont certes prévu quelques garanties minimales. Les milieux altermondialistes estiment que trop de flou subsiste sur l’indépendance des futures juridictions chargées d’arbitrer les conflits.

C’est d’ailleurs toute la transition énergétique et le respect du Traité de Paris qui sont menacés par ce texte libre-échangiste.
Les pressions exercées sur la Wallonie sont considérables. Comment une petite région ose-t-elle prendre en otage le Grand marché européen de 500 millions de consommateurs, pardon, d’habitants? Cela porte un nom. C’est la démocratie. Et cette région belge exerce un droit fondamental. Saluons donc le courage de ces élus et relevons qu’un pays qui a pu fonctionner à satisfaction sans gouvernement pendant 194 jours (1) mérite sans doute d’être écouté.

http://www.lecourrier.ch/

(1) PS. A part qu'en 2011, la crise belge a duré un peu plus que 194 jours : "Après 541 jours de crise politique pendant lesquels le pays a été dirigé par le Premier ministre par intérim Yves Leterme, la Belgique s'est enfin dotée d'un gouvernement lundi..." 
194 jours, c'était en 2007-2008.

22 octobre 2016

NON WALLON AU CETA : La presse nuancée


1. Extrait de la Presse canadienne, ce WE : "Accord Canada-UE: la Wallonie «déçue» par la nouvelle proposition" - 23 octobre 2016
2. Extraits du journal LE TEMPS de Genève - vendredi 21 octobre 10h.
3. L'article du journal LIBERATION - vendredi 21 octobre 20h.

http://affaires.lapresse.ca/economie/canada/201610/23/01-5033355-accord-canada-ue-la-wallonie-decue-par-la-nouvelle-proposition.php

1. Accord Canada-UE: la Wallonie «déçue» par la nouvelle proposition
 

(Extraits)


"La Wallonie voit dans le CETA, qui concerne plus de 500 millions d'Européens, les prémices du traité TTIP (ou TAFTA), très impopulaire, que l'UE négocie très laborieusement avec les États-Unis, et réclame plus de garanties face aux puissantes multinationales."

(...) Les services de la Commission européenne ont de leur côté transmis dimanche matin deux textes - obtenus par l'AFP - au chef du gouvernement wallon, le socialiste Paul Magnette, et au représentant permanent de la Belgique auprès de l'UE, selon un diplomate européen.

Le premier texte d'une page et demie contient un projet de déclaration possible du Royaume de Belgique concernant la protection des investissements « qui contient toutes les réserves dont M. Magnette a fait part », a expliqué le diplomate.

Cette question est en effet l'une des plus sensibles du CETA : elle a trait à la possibilité donnée aux multinationales investissant dans un pays étranger de porter plainte contre un État adoptant une politique publique contraire à leurs intérêts.

Le traité prévoit la création d'un tribunal permanent composé de 15 juges professionnels nommés par l'UE et le Canada, dont toutes les auditions seraient publiques. Mais les ONG jugent que cette concession ne va pas assez loin et craignent que ces « pseudo-juges » soient des avocats d'affaires liés à des cabinets privés.

Et M. Magnette a répété vendredi - jour où la Belgique et l'UE espéraient un Oui wallon - qu'« il restait des difficultés à ce sujet ».

Le second texte transmis à M. Magnette est « un questions/réponses de quelques pages «qui répond dans une langue compréhensible à toutes les questions posées par le Parlement wallon», selon le même diplomate.

Les deux documents envoyés à Paul Magnette doivent être soumis ensuite au Parlement de Wallonie, spécifiquement devant la commission chargée des Affaires européennes de l'assemblée régionale, pour approbation.

Joint par l'AFP, le porte-parole du président du Parlement wallon a confirmé qu'aucune réunion n'était prévue pour l'instant dimanche.

Dans un entretien dimanche à la télévision belge RTL, le chef du Parti socialiste (PS) francophone belge et ex-premier ministre belge, Elio Di Rupo, qui est du même parti que M. Magnette, a déclaré : Je ne crois pas qu'il soit possible de signer le CETA jeudi »

La Wallonie voit dans le CETA, qui concerne plus de 500 millions d'Européens, les prémices du traité TTIP (ou TAFTA), très impopulaire, que l'UE négocie très laborieusement avec les États-Unis, et réclame plus de garanties face aux puissantes multinationales.

http://affaires.lapresse.ca/economie/canada/201610/23/01-5033355-accord-canada-ue-la-wallonie-decue-par-la-nouvelle-proposition.php

2. Article du journal LE TEMPS - 21 octobre 2016 - 11h.

(Extraits)

La Commission et les milieux d’affaires s’inquiètent, les antimondialistes exultent. D’ultimes négociations sont encore prévues tout le week-end. La presse est partagée

Le Soir : "Des progrès ont été faits mais pour nous à ce stade, les avancées ne sont pas suffisantes, notamment dans les questions qui concernent les entreprises américaines, par exemple, qui sont installées au Canada et qui bénéficieraient du système». Conclusion en forme d’éditorial du journal: Didier Reynders, le ministre des Affaires étrangères, peut ranger son stylo."

D’où les intenses pressions qu’a subies le Wallon. «Paul Magnette n’a pas fait mystère «des menaces à peine voilées» auxquelles la Wallonie est soumise, écrit «Le Soir». Mais c’est au nom des principes que la Région s’avère intransigeante: la démocratie mise à l’honneur au cours de nombreuses heures de débats parlementaires et le respect des attentes de la société civile dans un monde où la rupture entre les citoyens et la politique est largement consommée.

La presse altermondialiste exulte – comme Bastamag. Alors que la question est posée. Une petite région peut-elle s’opposer à 28 pays, même si c’est celle qui a donné Hergé et Magritte au monde? Le caillou wallon peut-il mettre à l’arrêt la chaussure européenne? «Il faut se rendre à l’évidence: la petite région belge s’est comportée en adulte, pas en victime consentante d’une Europe bulldozer. Cela force au moins le respect et cela inspirera peut-être d’autres autorités politiques» estime Le Soir. «La particularité wallonne, c’est que notre parlement a voulu utiliser ses prérogatives. Et que cela plaise ou non, cette assemblée a le même pouvoir constitutionnel qu’un Etat membre», se justifie le ministre-président toujours dans Le Monde, soulignant que «ce qui alimente aujourd’hui la crise de l’Europe, c’est la manière de négocier des textes d’une telle importance». Les francophones belges n’ont-ils pas trop tardé à exprimer leurs griefs? «Non. Nous avons reçu la version définitive il y a moins d’un an et j’ai alerté la commissaire sur tous les problèmes qu’il nous posait dès le 2 octobre 2015. La première réaction m’est parvenue le 4 octobre… 2016, à vingt-trois jours du sommet avec le Canada.» Ambiance… 

Faire l’histoire?

Sur la Toile en tout cas, où les antilibéraux sont traditionnellement très loquaces et organisés, le coup d’éclat des Wallons est salué. (...) Négociations opaques et donnant trop de pouvoir aux compagnies, rappel que 80 eurodéputés ont signé un appel en soutien des Wallons… «Vous faites l’Histoire… Ne cédez pas… Nous sommes avec vous» écrivent des centaines d’anonymes, qui diffusent des appels à signer des pétitions.

Il y a le fond du dossier, qui divise – le libre-échange est-il une bonne chose? Le CETA n’est-il pas un cheval de Troie du TAFTA (ou TTIP), l’accord de libre-échange avec les Américains? Les réponses divergent. Il y a aussi les analystes qui pointent les calculs de politique interne de Paul Magnette.
Mais sur la forme des négociations, les voix sont majoritaires pour dire qu’elles ont été opaques voire non démocratiques. Le Vif L’Express analyse: «En barrant le CETA, la Wallonie se la joue Astérix le Gaulois. Au-delà de l’image sympathique, cette opposition francophone, très critiquée par l’UE et le gouvernement canadien, constitue un révélateur de l’état de santé démocratique de l’Europe. Diagnostic: pas brillant […] Est-ce choquant de refuser d’avaliser un accord au moment de le signer? Pourquoi alors demander aux Etats (et aux régions qui les composent) de parapher un tel accord si la possibilité de dire «non, il faut continuer à discuter» semble si choquante? Cela revient à dire que l’exercice démocratique lui-même est choquant […] Ce sont donc plutôt les pressions, les ultimatums et les menaces à peine voilées, de la Commission européenne sur Paul Magnette qui s’avèrent indignes. Et surtout aveugles. Car les institutions européennes n’ont jamais semblé aussi éloignées des citoyens qu’aujourd’hui, le Brexit l’ayant démontré de manière remarquable.»

«C’est étonnant de voir que la Commission essaie de tordre le bras à la Wallonie alors qu’elle ne fait pas la moitié de ces efforts en Hongrie et en Pologne, où les valeurs européennes sont piétinées.

Ce n’est pas une façon de restaurer la confiance en l’Europe, commente à son tour le politologue Jean-Michel DeWaele sur le site Euractive. Si la Commission trouve un moyen légal pour passer outre la Wallonie, cela ne fera qu’éroder un peu plus la confiance en l’Europe dans une région traditionnellement europhile». Et de conseiller de renvoyer la signature à un peu plus tard, en décembre. «Les Wallons ont eu le culot d’examiner le texte à fond et d’en débattre, ils nous font à nous tous une faveur», estime l’économiste Paul de Clerck, des Amis de la Terre Europe, sur le même site.

https://www.letemps.ch/
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3. L'article du journal LIBERATION - vendredi 21 octobre 20h.

La région wallonne a mis son veto, vendredi, à la signature du traité entre l’Europe et le Canada. Un échec de l’UE et une victoire pour les opinions publiques.

Le cauchemar de la Commission a pris forme : la politique commerciale extérieure de l’Union européenne mise en péril par un petit Parlement subnational représentant moins de 1 % de la population européenne. La Wallonie, une des trois entités fédérées belges avec la Flandre et la région bruxelloise, a en effet, en dépit des intenses pressions de l’exécutif européen et des vingt-huit chefs d’Etat et de gouvernement réunis pour un sommet à Bruxelles jeudi et vendredi, fermement maintenu son veto à la signature, par le gouvernement belge, du Ceta, l’accord de libre-échange conclu avec le Canada.
Or il faut les vingt-huit signatures des Etats membres pour que l’Union et le Canada puissent le signer à leur tour, le 27 octobre, avant que la ronde des ratifications parlementaires ne commence. La crainte de la Wallonie est surtout que le Ceta soit le cheval de Troie des entreprises américaines ayant une filiale au Canada qui leur permettrait de disposer des avantages du futur Tafta, le traité de libre-échange en cour de négociation avec les Etats-Unis, mais sans les contraintes du Tafta…

«Moment de rupture»

«Nous ne bloquons pas pour le plaisir, mais parce que nous sommes dans un moment de rupture ou face à un saut qualitatif comme l’histoire de la démocratie en a connu», a plaidé Paul Magnette, le ministre président de la Wallonie, qui fut longtemps professeur de sciences politiques et l’un des meilleurs spécialistes de l’Union : «La question qui se pose ici est de savoir quelle mondialisation nous voulons. Ce traité est un précédent qui fixera les standards des futures négociations menées par l’Union avec les Etats-Unis ou le Japon, par exemple. Nous devons aller au bout des choses pour fixer des standards de très haut niveau.» De fait, le Ceta fait partie des accords dits de nouvelles générations (comme ceux conclus avec la Corée du Sud ou Singapour), qui visent à faciliter les échanges en harmonisant ou en reconnaissant mutuellement les normes (techniques, environnementales, sanitaires, phytosanitaires, etc.), et non plus seulement en abaissant les barrières tarifaires ou non tarifaires.

Sans la négociation du Tafta (TTIP), lancée en 2013, il est probable que le Ceta, conclu avec un pays proche des standards européens, serait passé comme une lettre à la poste. Mais le mastodonte américain a fait prendre conscience à une partie sans cesse plus importante des opinions publiques européennes des risques, justifiés ou non, que font peser ces accords sur leur modèle social, sanitaire ou environnemental. Le Ceta a été emporté par la vague anti-Tafta, comme le reconnaît d’ailleurs Magnette. La Commission et les Vingt-Huit ont beau assurer qu’ils veillent aux intérêts des citoyens et que le «soldat» Ceta doit être sauvé à tout prix… rien n’y a fait. Car leur bilan ne plaide pas en leur faveur : de l’admission de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à l’incapacité à se défendre face à la concurrence déloyale des émergents en passant par des promesses de lendemain qui chantent jamais concrétisées, tout cela a laissé des traces profondes en Europe, et pas seulement en France. S’ajoute à cela la résurgence de l’antiaméricanisme, notamment allemand, attisé par les affaires d’espionnage politique et industriel. Et, cerise sur le gâteau, la crise permanente entre francophones et néerlandophones de Belgique, qui accouche d’une réforme constitutionnelle tous les huit ans en moyenne, a encore compliqué la tâche des libre-échangistes. La sixième réforme de l’Etat, entrée en vigueur en 2014, a donné le pouvoir aux six Parlements des entités fédérées de s’opposer à la signature (mais aussi à la ratification ultérieure) des accords commerciaux touchant aux compétences des régions. C’est ainsi que la Wallonie s’est retrouvée aux commandes dans cette atmosphère délétère, avant même que les autres Parlements nationaux et régionaux de l’Union (une quarantaine) n’aient eu à ratifier le Ceta, puisqu’on n’en est pas encore à ce stade de la procédure. Elle n’a pas laissé passer l’occasion de faire parler d’elle.

«De plus en plus inquiets»

Le plus beau est que l’Union aurait pu éviter ce pataquès belgo-européo-canadien : c’est à la demande de certains Etats, notamment de la France et de l’Allemagne, que la Commission a accepté, en juillet, de qualifier le Ceta, d’accord «mixte», c’est-à-dire touchant à des compétences nationales, alors que selon elle ce n’est pas le cas (et donc il aurait au départ suffi d’un accord du Conseil des ministres et, depuis le traité de Lisbonne, du Parlement européen). Mais Berlin et Paris, qui voulaient impliquer leur Parlement national dans la boucle, ont oublié les parlements subnationaux… Et surtout, ils ne savaient pas qu’en Belgique, c’était la signature du traité lui-même qui pouvait être bloquée, ce qui empêche même son entrée en vigueur provisoire, comme cela est de coutume. Vendredi, François Hollande s’est donc employé à défendre comme un beau diable un traité qu’il a lui-même contribué à plomber… Devant la détermination wallonne, Donald Tusk, le président du Conseil européen, a reconnu à contrecœur que «nos citoyens sont de plus en plus inquiets du fait de savoir si les accords commerciaux que nous négocions sont dans leur meilleur intérêt. Je crains que nous ne soyons plus en mesure de continuer à négocier si nous ne prouvons pas en pratique que nous prenons la protection des consommateurs très sérieusement». Si le Ceta, dont l’avenir semble compromis, est le prix à payer pour qu’enfin les dirigeants nationaux et européens comprennent qu’il y a un problème en Europe, ce ne sera pas cher payé. «Ce n’est pas parce qu’on est seul qu’on a forcément tort», a rappelé devant ses députés Paul Magnette.

Jean Quatremer Correspondant à Bruxelles
 http://www.liberation.fr/planete/2016/10/21/libre-echange-waterloo-pour-le-ceta_1523569
(note : c'est moi qui ai souligné certains passages MS) 

21 octobre 2016

Suite de l'article "Moment de vérité en Amazonie"

PS. Je reçois ce 21 octobre l'appel d'urgence [http://www.appel-urgence-foret-surui.com/->http://www.appel-urgence-foret-surui.com/] à SIGNER : "250.000 Ha de Forêt amazonienne en grave péril.
Donc au Brésil aussi, ça urge...

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A titre d'information, et bon à savoir :
(Voir la déclaration du Durban sur le REDD signée par des activistes et plus de 70 ONG internationales dont Les Amis de la Terre et Attac, "contre la privatisation et le pillage de la nature")

Moment de vérité en Amazonie


La rencontre avec José Gualinga ce 18 décembre 2016 à Liège a mis en évidence un phénomène qui va prendre de l’ampleur : les peuples autochtones comme celui de Sarayaku, qui représentent environ 3 % de la population mondiale, et qui sont menacés dans leur survie quasi partout, sont de fait les gestionnaires de 80 % de la biodiversité sur la planète.
C’est dire si leur existence - leur survie devrait-on dire - est essentielle pour l’avenir de notre planète, et donc pour notre avenir à tous.


1. La soirée-conférence avec JOSE GUALINGA
2. SARAYAKU, EL PUEBLO DEL MEDIO DIA.
3. LA MENACE
4. Et le REDD+ ?
5. Sarayaku se lance avec la CASA NICARAGUA
6. Et avec la Région Wallonne
7. Le projet FORET VIVANTE : le Kawsak Sacha

J'ai écrit "Ils sont les gestionnaires..."
Quand je dis "ils gèrent", il faut que je précise et que je nuance.
- Précision : ils sont seuls à même de gérer la forêt et sa biodiversité parce qu’ils sont les seuls à ne pas avoir perdu la connaissance qui est au coeur d’une relation intime et sacrée avec la nature, les plantes et les animaux.
- Nuance : ils ont les moyens de gérer, et essaient de le faire, tant qu’on ne leur met pas de bâtons dans les roues.

Et dieu sait s’il y a des empêcheurs de tout acabit, et pas seulement les multinationales pétrolières.
En effet, dans le cadre des négociations internationales visant à réduire les émissions de CO2 et à lutter contre le réchauffement climatique, la gestion des espaces forestiers de la planète risque de se faire aux dépends des populations qui y vivent. Que la COP 21 puisse détruire les espoirs, c’est bien un paradoxe que j’ai découvert ce soir-là et qu’il faudra expliquer (voir plus loin).
Il est donc urgent de donner aux peuples autochtones comme celui de Sarayaku des moyens d’agir à la hauteur de l’enjeu : garantir le maintien de leur présence sur leur territoire.
C’est ce que la Région wallonne a compris en aidant les projets "Forêt vivante" dont nous parlent la Casa Nicaragua.
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1. La soirée-conférence avec JOSE GUALINGA

Moment de vérité en Amazonie

 Le peuple de Sarayaku (Equateur) est connu mondialement pour sa lutte et sa persévérance pour la défense de la nature. Ce sont des irréductibles Amazoniens qui luttent depuis plus de 30 ans contre les compagnies pétrolières qui menacent leur territoire. Ils ont réussi en 2003 à chasser de leur terre une compagnie pétrolière et en 2012, à gagner un procès contre l’État équatorien pour violation de leur droits collectifs et humains.

Face aux appétits pour le pétrole présent dans son espace de vie, le Peuple autochtone de Sarayaku ne cède à aucune intimidation.

Son secret? Une perspicacité rare, mêlant sens du sacré et sens du réel, ainsi qu’un fonctionnement démocratique radical : chacun-e participe librement aux délibérations et à la lutte, qui est permanente…

Pour Sarayaku, cette lutte s’inscrit dans la durée, avec panache : création d’une ceinture d’arbres à fleurs, qui sera visible du ciel sur des dizaines de kilomètres (« Frontière de Vie »); proposition à l’ONU d’un statut innovant pour les aires protégées (« Forêt Vivante »).

Depuis le cœur de l’Amazonie, Sarayaku se tient prêt pour les moments de vérités présents et à venir. Rencontrer ce peuple, c’est rencontrer un allié, indomptable et éclairant.
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2. SARAYAKU, EL PUEBLO DEL MEDIO DIA

 Un document de la Casa Nicaragua ([www.casanica.org->www.casanica.org])
PDF - 14.7 Mo
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Un document de la Casa Nicaragua (www.casanica.org)

C'est un combat de David contre Goliath: depuis des décennies, le Peuple autochtone Kichwa de Sarayaku se bat contre l'exploitation pétrolière des sous-sols de son territoire. Il lutte pour la préservation de sa forêt, un lieu de vie qui permet la vie, une forêt vivante. Il a déjà remporté plusieurs batailles comme face à la Cour interaméricaine des Droits de l'homme, qui condamna l'État équatorien à respecter les droits des populations autochtones. Mais les menaces d'exploitation de leur territoire ainsi que des territoires voisins sont toujours bien présentes ...

Le Peuple Sarayaku est situé en Équateur, dans la province amazonienne de Pastaza. La superficie de son territoire est d'environ 135.000 hectares dont 95% sont recouverts de forêts primaires riches en biodiversité et en ressources naturelles. Ce type de territoire, qui représente un important puits carbone, joue un rôle central dans la stabilisation du climat de la planète.

Dans de nombreuses régions du monde, particulièrement importantes pour l'équilibre climatique et environnemental, des Peuples autochtones résistent face à l'exploitation de leurs territoires, qui cause la misère, La violence, la perte d'identité, l'immigration au sein de leur communauté et la destruction de l'environnement.

Dans de nombreuses aires protégées uniquement par des normes environnementales, minimisées et vulnérables, sont développées des stratégies de déplacement et de discrédit des peuples autochtones, dévalorisant jusqu'à leur philosophie de vie (VOIR CI-DESSOUS, n° 3 et 4). Le mythe de grands espaces vides et opulents pousse à promouvoir des politiques de colonisation et des projets d'exploitation non tenables.

Face aux menaces, Sarayaku, par exemple, a lancé des actions de grande ampleur pour protéger son territoire et travaille constamment sur des stratégies pour la conservation durable de ses ressources naturelles et le renforcement de son organisation. (VOIR CI-DESSOUS, n° 6)Les forêts vivantes protégées et préservées sous leur gouvernance doivent être considérées comme libres de toute exploitation et industrie qui attenteraient à leur vie!

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3. LA MENACE

Comment protéger efficacement nos forêts sans renforcer les pressions commerciales sur la terre ?

Dans le cadre des négociations internationales visant à réduire les émissions de CO2 et à lutter contre le réchauffement climatique, la gestion des espaces forestiers de la planète se trouve souvent au cœur des débats.

La création de « puits carbone » n’incite-t-elle pas les investisseurs privés et les industries polluantes des pays industrialisés à « s’approprier » d’une façon ou d’une autre d’immenses étendues de forêts dans les pays du Sud, aux dépends des populations qui y vivent ?

Les forêts, dans le cadre du MDP (Mécanisme de Développement Propre) [1] ou sur les marchés volontaires, peuvent donc être utilisées pour compenser les émissions de gaz à effet de serre et créer des crédits échangeables sur les marchés carbone.

En plus de n’apporter aucun avantage réel dans la lutte contre le réchauffement climatique, les projets de puits carbone peuvent nuire à la conservation de la biodiversité. En effet, il est particulièrement tentant pour les pays industrialisés ou leurs industries d’investir dans des projets de reforestation au Sud qui se résumeraient en réalité à la plantation à bas coûts, sur de grandes surfaces, d’arbres à potentiel élevé de séquestration. Ces projets ne sont d’aucune utilité en termes de protection de la biodiversité ou de résilience des écosystèmes.

Par ailleurs, ces projets de reforestation nécessitent pour les investisseurs d’acquérir des droits sur les surfaces à reboiser. Les terres sur lesquelles des plantations sont établies dans ce cadre sont donc le plus souvent des terres sujettes à des conflits de propriété non résolus, ou des terres sur lesquels s’exerçaient des droits coutumiers non reconnus par le droit positif. L’établissement de projets de reforestation dans le cadre du MDP favorise donc directement l’exclusion des populations paysannes qui cultivaient les terres avant l’investissement, et la négation de leurs droits formels ou coutumiers.

« La préservation de l’Amazonie devient réellement un business. […] On monétise la forêt. Or, d’un point de vue éthique, on ne peut la réduire à un simple problème marchand ».

Les risques de privatisation de la forêt amazonienne sont d’autant plus importants qu’à terme, le but est bien de permettre aux propriétaires de « forêts préservées » d’obtenir des permis d’émissions carbone monnayables sur les marchés internationaux des crédit carbone.

Aujourd’hui, l’Incra [2] annonce que 5,5 millions d’hectares d’Amazonie sont déjà la propriété d’étrangers. Et la possibilité d’obtenir, à terme, des crédits carbones échangeables pour chaque hectare de forêt protégé augmente encore les pressions commerciales sur cette zone. Ana Paulina Aguiar Soares12, interrogée par Jacques Denis, déclare que « le crédit carbone revient à privatiser la forêt au profit des entreprises internationales. Sous couvert de protection de l’environnement, celles-ci deviennent propriétaires de parcelles. Que va-t-il se passer pour les habitants, les associations, les coopératives ? »

Cette nouvelle combinaison, dans laquelle l’Etat négocie des crédits carbone à l’étranger auprès d’entreprises qui peuvent obtenir ainsi des droits à polluer introduit donc un bénéficiaire nouveau, entreprise privée la plupart du temps, qui bénéficie de la nouvelle rente ainsi créée, et doit faire respecter la politique de protection dont l’Etat se dédouane pour protéger cette rente.

VOIR AUSSI
https://www.rtbf.be/info/dossier/cop21-les-negociations-climatiques-de-paris/detail_cop21-en-amazonie-un-marche-du-carbone-florissant?id=9152882
1/12/2015

ET
http://information.tv5monde.com/info/perou-en-amazonie-un-marche-du-carbone-florissant-61224
7/12/2015



Notes :
[1] Qu’est-ce que le Mécanisme de Développement Propre (MDP)  ?
Dans les pays industrialisés où le matériel utilisé dans l’industrie est globalement de bonne qualité, il est relativement difficile de réduire ses émissions de GES en rénovant et en améliorant les installations. Ainsi, pour permettre à ces pays industrialisés de respecter leur quota, on leur donne la possibilité d’investir dans des projets (appelés projets MDP) visant à réduire les émissions de GES dans les pays en voie de développement. En échange, ces pays riches obtiennent des crédits-carbone qui correspondent à une monnaie négociée en unités d’équivalent CO2 (plus précisément, ce sont des CER pour Certified Emission Reduction ou encore UREC pour Unités de Réductions d’Emissions Certifiées) qui leur permettront de remplir leurs propres objectifs ou même de vendre ces crédits sur le marché.
(Extrait d’un article "Marché carbone, une usine à gaz ?" (http://controverses.mines-paristech.fr/public/promo10/promo10_G15]/index91e3.html?page_id=470)



[2] http://www.agter.org/bdf/es/corpus_chemin/fiche-chemin-23.html#iref:11
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4. Et le REDD+ ?

(Voir la déclaration du Durban sur le REDD signée par des activistes et plus de 70 ONG internationales dont Les Amis de la Terre et Attac, "contre la privatisation et le pillage de la nature")

Avec ses millions d’hectares de forêt amazonienne, le Pérou est un des pays pilotes du mécanisme de financement de la lutte contre la déforestation (REDD+). Des multinationales comme Disney ou Microsoft se sont déjà lancées dans ce marché en achetant des crédits-carbone en Amazonie. De plus en plus d’entreprises nationales font également ce choix.

C’est en 2008, pour lutter contre le réchauffement climatique qu’est imaginé dans le cadre de mécanisme post-Kyoto le programme REDD. Un moyen, selon ses promoteurs, de baisser la pollution atmosphérique en permettant à des entreprises ou à des Etats de compenser leurs émissions de CO2 en investissant dans des projets de protection de la forêt ou de reboisement.

En mars 2013, Walt Disney a ainsi acheté 3,5 millions de dollars de crédits-carbone en Amazonie, équivalant à 437 000 tonnes de CO2. " La compagnie a payé les crédits sept fois plus que leur valeur sur le marché " se félicite le gouvernement péruvien sur le site du Ministère de l’Environnement.

Mais ce qui inquiète le plus au Pérou, ce sont les répercussions sur le droit des populations indigènes. Alberto Pizango, l’ex-président de l’AIDESEP – association interethnique de développement de l’Amazonie - compare l’engouement du REDD et de ses crédits-carbone à la fièvre du caoutchouc au début du XXème siècle et dénonce la " piraterie du carbone ".

Il y voit une nouvelle pression sur le territoire alors que 75% de l’Amazonie péruvienne est déjà sous concession pétrolière ou gazière. Des concessions qui empiètent sur des zones d’une immense biodiversité où vivent des communautés indigènes. " Il y a un problème juridique, le droit sur le carbone se superpose au droit international, national et aux droits des populations indigènes. […] On assiste à une forme de dépossession territoriale" . Les organisations autochtones ont publié un document intitulé " REDD+ Indigène " pour définir leurs propres règles. Un programme de lutte contre la déforestation qui serait strictement déconnecté du marché du carbone.

Cf. http://www.agter.org/bdf/es/corpus_chemin/fiche-chemin-23.html#iref:11
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5. Sarayaku se lance avec la CASA NICARAGUA !

logo de la Casa Nica

C’est un combat d’Indiens contre des Géants du pétrole : depuis des décennies, le Peuple autochtone Kichwa de Sarayaku se bat contre l’exploitation pétrolière des sous-sols de son territoire. Il lutte pour la préservation de sa forêt, un lieu de vie qui permet la vie, une forêt vivante. Il a déjà remporté plusieurs batailles comme celle face à la Cour interaméricaine des Droits de l’homme qui condamna l’État équatorien et le força à respecter les droits des populations autochtones. Mais les menaces d’exploitation de leur territoire ainsi que des territoires voisins sont toujours bien présentes…

La Casa Nica est depuis 30 ans un lieu où se rencontrent et s’écoutent des activistes du monde entier. Invités par des associations amies telles qu’Identité Amérique indienne, Amnesty international ou Frontière de vie, elle a eu le plaisir d’accueillir plusieurs membres du Peuple Kichwa de Sarayaku, luttant farouchement pour la préservation de leur territoire, de leur culture, de leurs savoirs, de leur vie quotidienne au cœur de la forêt amazonienne.

Des liens se sont tissés et renforcés. Une membre de la Casa a fini par se rendre sur place, tout simplement pour faire connaissance. Une fois puis deux, pour la fête de la Uyantza. C’est là que l’idée a surgi avec l’association des femmes de Sarayaku, Kuriñampi, d’organiser une tournée de femmes en Belgique. Une idée qui est devenue réalité par l’action collective, une « minga » comme on dirait là-bas, de 14 associations wallonnes, fin octobre 2015.

Puis tout s’enclenche très vite… surgit un appel à projets de la Région wallonne dans le cadre de la Solidarité climatique de l’Agence wallonne pour l’Air et le Climat(AwAC), et c’est parti !
Un projet de coopération Sarayaku-Casa Nica-Wallonie, intitulé localement Sumak Allpa, Plan de vie, voit le jour…

Conservation durable du territoire du Peuple Sarayaku, Amazonie équatorienne, et renforcement de ses plans de gestion et d’administration.

Le Peuple Originaire Kichwa de Sarayaku est situé en Équateur, dans la province amazonienne de Pastaza. La superficie totale de son territoire est d’environ 135.000 hectares dont 95% sont recouverts de forêts primaires qui constituent un écosystème riche en biodiversité et en ressources naturelles. Ce type de territoire, qui représente un important puits carbone, joue un rôle central dans la stabilisation du climat de la planète.
Face aux menaces, Sarayaku a lancé des actions de grandes ampleurs pour protéger son territoire et travaille constamment sur des stratégies pour la conservation durable de son territoire et le renforcement de ses plans de gestion et d’administration.
L’un d’elle, la Frontière de Vie, le Sisa Ñambi, est un chemin de fleurs démarré il y a plus de 10 ans. De vastes cercles d’arbres à fleurs géants sont plantés sur tout le pourtour du territoire, soit sur plus de 300 km. En grandissant, ils deviendront visibles du ciel et marqueront la présence des hommes et des femmes immergés dans cette forêt et leur volonté de la préserver.

Los Descendientes del Jaguar d’Eriberto Gualinga
(à voir sur Youtube, sous-titré seulement en espagnol)

Un autre enjeu important de la lutte de Sarayaku est de faire reconnaître l’autorité et les droits de ses habitants sur l’administration de son territoire selon un concept innovant d’aire protégée : le Kawsak Sacha ou Forêt vivante.
Les priorités du Peuple Sarayaku et de son conseil de gouvernement, le Tayjasaruta, sont toutes liées à la protection du territoire et des droits collectifs des populations autochtones, au renforcement et à la valorisation de la culture, à la protection et à la conservation des ressources naturelles, à la valorisation du modèle d’éducation, de la science et de la médecine traditionnels kichwas. C’est dans cette optique qu’interviennent notre collaboration et notre appui, centrés sur 3 aspects.

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6. Le projet
SARAYAKU - CASA NICARAGUA - SOLIDARITÉ CLIMATIQUE
de la RÉGION WALLONNE

Conservation durable du territoire du Peuple Sarayaku, Amazonie équatorienne, et renforcement de ses plans de gestion et d'administration.

Elaboration de stratégies innovantes pour déclarer le territoire "Aire protégée par les populations qui y vivent" incluant la vision et les droits des peuples autochtones: la Forêt vivante, le "Kawsak Sacha"

Le projet veut renforcer les instruments qui permettraient au Peuple de Sarayaku d'exercer pleinement son droit à conserver ses espaces de vie, Il veut promouvoir le rôle des populations indigènes dans les préceptes qui régulent les systèmes des aires naturelles protégées, Dans le cadre de la lutte pour la réduction des émissions de GES et la préservation des puits carbone, il devient également impératif de soumettre ces thèmes à la communauté internationale,

• Planification de la gestion du territoire et de ses ressources naturelles adaptée aux conséquences du dérèglement climatique et à l'impact des activités humaines: le "Sumak Allpa"

• Diffusion du projet au sein de la population locale et avoisinante au sein d'instances nationales internationales:     la "Kampana Kaparik"
    
• Renforcement d'une équipe de gardes forestiers traditionnels et mise en œuvre de ses propres plans de conservation du territoire : les  "Kaskirunas"

• Plantation d'un grand chemin d'arbres à fleurs aux limites du territoire: le "Sisa Nambi", la Frontière de vie, symbole de l'existence et de la résistance des peuples vivant dans ces forêts.

Les partenaires:
Tayjasaruta, Casa Nicaragua, AwAC, Frontière de vie
et Oro Verde www, casanica.org 
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7. La forêt vivante : le Kawsak Sacha

La protection durable de l’environnement et du mode de vie de Sarayaku : proposer et promouvoir la création d’une aire naturelle protégée novatrice qui englobe les droits et les visions des populations qui y vivent, renforce et reconnaît leur rôle dans sa gestion et son administration.
Dans de nombreuses régions du monde, particulièrement importantes pour l’équilibre climatique et environnemental, des Peuples autochtones résistent face aux menaces que représente l’exploitation de leurs territoires, amenant la misère, la violence, la perte d’identité, l’immigration au sein de leur communauté et la destruction de l’environnement.
Dans de nombreuses aires protégées uniquement par des normes environnementales minimisées et vulnérables sont développées des stratégies de déplacement et de discrédit des peuples originaires, dévalorisant jusqu’à leur philosophie de vie. Le mythe de grands espaces vides et opulents pousse les décideurs à promouvoir des politiques de colonisation et des projets d’exploitation non tenables.
Les pressions sont fortes pour les convaincre que leur mode de vie est caduc et qu’il est temps pour eux de se convertir en femmes et hommes « modernes et civilisés », participant à l’enrichissement de leur pays. Ces peuples - et nous ! - sommes cependant convaincus que leur participation réelle au développement de la nation et au bien-être commun tient précisément dans la préservation de la richesse et de la diversité naturelle et culturelle qu’offrent ces forêts et ses habitants. De leur initiative surgissent des modèles alternatifs propres à leur pensée et à leur mode de vie.

Le projet propose de renforcer cette définition en y apportant de nouveaux concepts issus de la culture et de la philosophie kichwas de « Forêt vivante » qui incorporent des dimensions supplémentaires dans la protection de ces espaces. Il veut trouver les instruments qui permettraient au Peuple de Sarayaku d’exercer pleinement son droit à conserver ses espaces de vie. Il veut promouvoir le rôle des populations indigènes dans les préceptes qui régulent les systèmes des aires naturelles protégées. Les forêts vivantes protégées et préservées sous leur administration doivent être considérées comme libres de toute exploitation et industrie qui atteindraient à leur vie. Dans le cadre de la lutte pour la réduction des émissions de GES et la préservation des puits carbone, il devient également impératif de soumettre ces thèmes à la communauté internationale.

Soutenir le projet

Voir aussi
Facebook Sarayaku
Site de Sarayaku

Frontière de vie et Oro Verde-Allemagne.

Voir ou revoir le film "Le chant de la fleur" et les vidéos d’Eriberto Gualinga.

Un lien vers une présentation détaillée du projet Forêt vivante se trouve sur mon site de larcenciel.be


19 octobre 2016

Sortir par le haut de l'imbroglio CETA

Extraits d'une opinion de Pierre Defraigne, directeur exécutif du centre Madariaga-Collège d'Europe et directeur général honoraire à la commission européenne. 

18 octobre 2016

Le veto mis par le Parlement de Wallonie à la signature du Ceta est une décision à la fois légale, légitime et responsable. Elle pose néanmoins de graves questions de fond qui doivent trouver une solution. Il n’y a toutefois pas le feu au lac. La cérémonie de signature peut attendre. Circonscrivons les difficultés.

(...)
Comment faire reproche au Parlement wallon, avec le PS aiguillonné cette fois par le CDH et par les Verts, d’avoir perçu et mis en évidence le lien entre le TTIP et le Ceta qui est précisément ce qui fait problème aujourd’hui ? Car si le Ceta peut sans doute soulever de vraies questions quant à l’accès effectif aux marchés respectifs, il est relativement équilibré et sûrement pas bradé d’un point de vue européen. Le vrai problème tient moins du difficile équilibre entre les avancées et des concessions pour chaque région qu’à l’absence anormale d’un mécanisme financier européen effectif de solidarité, comme l’est le budget canadien ou américain. Il faut le renforcer.

La majorité au Parlement de Wallonie a bien déjoué le piège du Ceta. D’accord commercial de libre-échange avantageux pour les parties, entre deux partenaires commerciaux qui sont très proches, politiquement et culturellement (le Canada et l’Europe, la Wallonie et le Québec), il est aussi devenu le véhicule de deux innovations dangereuses pour le modèle européen : la corégulation d’un côté et les tribunaux spéciaux ouverts aux multinationales étrangères de l’autre. Le Ceta représente sur ces deux points un dangereux précédent pour la négociation du TTIP tellement controversé. La Commission a pris le risque d’utiliser le Ceta comme poisson pilote pour le TTIP, en vue précisément de préempter ces graves questions de principe : anodines avec le Canada, ces deux clauses - corégulation et tribunaux spéciaux - se révéleraient de redoutables outils de contrôle du marché intérieur transatlantique par les lobbies américains dans le TTIP. En chargeant inutilement la barque du Ceta, la Commission a choisi de prendre le risque de la faire couler. La responsabilité lui en incombe.

Troisièmement, conserver l’accord commercial et l’alléger des deux clauses controversées, auxquelles tiennent surtout les filiales canadiennes des multinationales américaines et quelques groupes miniers ou agro-industriels canadiens, ne devrait pas poser de problème au citoyen canadien moyen. Une renégociation est possible et souhaitable quoi qu’en disent les négociateurs aujourd’hui exaspérés et qui, du coup, préféreraient passer en force.
Enfin et pour tout dire : la Wallonie vaut bien le Danemark qui obtenu un opt-out pour l’euro. Elle vaut bien l’Irlande qui bloque l’harmonisation fiscale, autrement critique pour la croissance et l’emploi en Europe que le Ceta, et nous a imposé une Commission surnuméraire de 28 membres. Et que dire du Royaume-Uni qui s’apprête à signer le Ceta alors qu’il en renégociera un autre avec le Canada sitôt acquis le Brexit ? Cessons de crier haro sur le baudet wallon. Gardons notre sang-froid. Renégocions. Les Européens nous en saurons gré.

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A savoir :
Ceta: afflux inhabituel de messages personnels de soutien à Paul Magnette
 Belga Publié le mercredi 19 octobre 2016 à 16h12 - Mis à jour le mercredi 19 octobre 2016 à 16h12
Le ministre-président wallon Paul Magnette a reçu ces derniers jours un afflux inhabituel de messages personnels de soutien en raison de son opposition au traité commercial de libre-échange UE-Canada (CETA), selon son cabinet.
Plus d'un millier de messages personnels sont ainsi parvenus ces derniers jours sur sa boîte mail personnelle, sur sa messagerie de réseau social ou via l'adresse de son porte-parole. Le "flux constant" s'est "nettement accéléré" depuis mardi et l'échéance posée par la Commission européenne pour que la Belgique donne sa réponse vendredi. Ces messages, qui parviennent aussi via le groupe parlementaire, le parti ou l'administration, ne sont pas ceux des traditionnels collectifs et lobbies divers, mais bien de citoyens en leurs noms propres.
Le ministre-président Paul Magnette réfute régulièrement que la Wallonie soit isolée sur le CETA comme le font valoir le gouvernement fédéral et les institutions européennes, et fonde notamment la persistance de son opposition sur le soutien de la société civile.


Pour en savoir plus sur le TTIP et le CETA, voir notamment mes Perles sur le sujet : (http://www.pearltrees.com/michelsim/accords-libre-echange-enjeux/id12732181)

03 octobre 2016

José Gualinga en Belgique

Voir l'article que j'ai écrit suite au passage de José Gualinga à Bruxelles et Liège.

Porte-parole officiel de son peuple Kichwa de Sarayaku en Equateur, Amazonie, José Gualinga défend les peuples autochtones en résistance...



http://www.frontieredevie.net/actualites/sarayaku_bl.html

Voir le site de Frontière de Vie et les articles de l'Arcenciel sur Sarayaku