09 août 2010

La croissance en question

La croissance... ou la décroissance...

Il y a une quarantaine d'année, je donnais un cours à l'ISCO, Institut Supérieur de Culture Ouvrière, lieu de formation créé par le MOC, le Mouvement ouvrier chrétien. Serge Creutz, de formation scientifique, était le brillant directeur de l'Institut. Je me souviens qu'un jour je l'avais choqué en parlant de "croissance zéro", un concept qu'il ne pouvait accepter, au regard de l'évolution naturelle des choses. Aujourd'hui, il n'est même plus temps de parler de croissance zéro.

Coup sur coup, dans La Libre, paraissent deux articles au sujet de la décroissance, l'un de Christophe Arnsperger, maître de recherches au FRS-FNRS et professeur à l’Université catholique de Louvain, l'autre de Jean Christophe Godinot, porte parole du Mouvement politique des Objecteurs de croissance (www.objecteurdecroissance.be).

Il a été énoncés tellement de slogans à l'emporte pièce au sujet du réchauffement climatique, qu'un certain nombre de personnes ont été dégoûtées de ce débat, des solutions proposées, jugées irréalistes et nuisibles à l'économie, à l'industrie, à l'agriculture, et surtout à l'emploi. On a taxé les avertissements d'inutilement alarmistes. Il est vrai qu'alarmer les gens est sans doute inefficace. En effet, s'il y a du déni, ou du repli sur ce qu'on a, ce n'est pas seulement par peur de perdre les situations acquises, c'est souvent aussi parce qu'on ignore ce vers quoi on va, ce qu'on aura... Les plus virulents argumentent, rationalisent ou invectivent (comme de taxer les positions de Christian Arnsperger "d'un mélange de communisme, d'anarchie écolo-libertaire et de catholicisme austère"... Ce qui, soit dit en passant, a le mérite de bien préciser où se trouvent les "résistants", d'où ils parlent* et de mieux rencontrer leurs objections).

Je laisse de côté le débat entre Christophe Arnsperger et Jean Christophe Godinot au sujet du terme même de "décroissance", pour mettre plutôt en relief ce qui me parait essentiel aujourd'hui.

"Comment fait-on pour passer de la société actuelle à une société prospère et sans croissance ? Comment passer d’un système croissantiste au bord de l’effondrement à une civilisation équilibrée ?". "Un changement de direction, de paradigme, est nécessaire" écrit Jean Christophe Godinot.

Une fois le public conscient de cette nécessité de changer (le "pourquoi changer"), il reste deux questions.
1.  "Comment changer ? Nos habitudes de vie, de gestion de nos achats et de nos déchets... C'est, en bref, notre façon de voir, notre image du monde qui doit être réaménagée ?" Et bien entendu, personne n'acceptera d'y être obligé. Le vrai changement est basé sur une envie de changer...
2. Il reste en discussion ce vers quoi il est utile, nécessaire, ou urgent d'aller, quelle vision de l'avenir chacun a-t-il et va-t-il partager avec ses enfants ?

Avant de développer ces questions que je me propose d'approfondir bientôt, je vous invite à prendre connaissance de l'introduction aux deux articles évoqués plus haut : "La décroissance en question" sur le blog "Changer le rêve".

http://changer-le-reve.blogspot.com

* On pourrait aussi se demander de quoi ils le méfient ou de quoi ils ont peur : du communisme,  de l'écologie, d'une morale religieuse archaïque ?

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