30 novembre 2010

CONTROVERSE CLIMATIQUE

Un climat (orchestré) de défiance

Fin octobre, La Libre Belgique a consacré quelques pages à cette CONTROVERSE CLIMATIQUE
d'où il ressort, et c'est là le plus intéressant, qu'elle est orchestrée volontairement tant par les Multinationales Européennes que les Nord-Américaines. L'échos très positif auprès des Républicains à pu jouer dans les dernières élections américaines. En France, une enquête récente montre que les personnes convaincues du réchauffement climatique est passé de 80 % l'an dernier à 62 % en ce moment. Merci Claude Allegre !


Plan :

1 - Les controverses climatiques sont au menu d’un colloque coorganisé par l’ULB.
Petite revue de la galaxie “sceptique”.
2 -  Edito : Et pourtant, elle chauffe.
3 -  Des sénateurs climato-sceptiques financés par des industriels. (AFP)
4 - En bref : Des entreprises européennes financent des sceptiques américains.
5 - LIRE AUSSI :
  • Les rouages de l’horlogerie climatique
  • Les points "chauds"


1 - Les controverses climatiques sont au menu d’un colloque coorganisé par l’ULB.
Petite revue de la galaxie “sceptique” :

Fin novembre 2009, à quelques encâblures du sommet de Copenhague, la nouvelle fait l’effet d’une bombe. La divulgation sur Internet d’une sélection de courriels piratés issus de la Climatic Research Unit de l’université d’East Anglia (Royaume-Uni) laisse en effet penser que ces scientifiques très impliqués dans la recherche sur le changement climatique auraient falsifié des données pour renforcer la thèse d’un réchauffement lié aux activités humaines. Le "Climategate" était né. Dans les faits, la plupart de ces e-mails (dont certains remontent à plus de 10 ans) font référence à des sujets difficilement compréhensibles pour les non-initiés. Qu’importe, l’exégèse de ces messages est livrée clef sur porte par les hackers, rapidement relayés par une série d’organisations climato-sceptiques et de nombreux médias. Leur contenu avait, il est vrai, de quoi interpeller : refus de communiquer des données à leurs détracteurs; obstruction à la prise en compte de certaines études dans le cadre des travaux du Giec... Quelques mois plus tard, la révélation de la présence d’erreurs dans le dernier rapport de cet organisme ne fera d’ailleurs qu’accroître ce climat de défiance.

1/ Un an après, que reste-t-il de ces accusations ? Rien ou presque. Les scientifiques incriminés ont été lavés des soupçons qui pesaient sur eux au terme de diverses enquêtes; le Giec est appelé à se réformer sans que la validité de son expertise soit fondamentalement remise en cause; les principales académies des sciences de la planète ont réitéré leur confiance dans les conclusions de ces experts. Est-ce à dire qu’il ne s’est rien passé ? Non, ces événements ont mis en évidence l’hostilité qui entoure ce dossier et la tentation dérangeante qui peut en découler de court-circuiter les principes fondamentaux du débat scientifique. Au passage, il convient de s’interroger sur la médiatisation de ces enjeux qui, balançant entre alarmisme et goût de la polémique, n’est pas pour rien dans la rupture de confiance entre une opinion publique déboussolée et ses élites scientifiques.

2/ La galaxie des sceptiques recouvre diverses motivations idéologiques, économiques, politiques ou personnelles. S’il n’en est plus guère aujourd’hui pour contester la réalité du réchauffement, ceux-ci mettent par contre en doute son caractère anthropogénique. A leurs yeux, les changements climatiques observés s’inscrivent dans le cadre d’un processus naturel et n’auraient rien d’exceptionnel. Cible de leurs critiques, le Giec se voit accusé d’être un organe plus politique que scientifique. Au passage, ils pourfendent le principe du consensus qui régit l’institution onusienne. L’argument climatique ne serait aujourd’hui qu’un habile sésame pour obtenir des crédits de recherche. Dans ce contexte, les thèses conspirationnistes sont à la mode et trouvent avec Internet une formidable caisse de résonance. Le Giec serait ainsi le bras armé d’un petit groupe de scientifiques qui trompent l’opinion publique pour mettre en place un gouvernement mondial ou, dans sa version la plus délirante publiée sur le site Web d’une organisation suprémaciste, le fruit d’un "complot juif". Autre exemple de ces dérives, la publication par le sénateur républicain James Inhofe, figure de proue du climato-scepticisme aux Etats-Unis, d’une liste de 17 climatologues américains (cités dans les e-mails piratés du CRU) qu’il suspecte d’être des criminels. Comme un parfum de chasse aux sorcières... Le ton souvent agressif que l’on retrouve sur les blogs et les forums accompagnant la publication d’articles sur le climat ou encore les messages de menaces reçus ces derniers mois par plusieurs scientifiques australiens et américains sont des symptômes supplémentaires d’une ambiance délétère. Une véritable guérilla qui a inspiré ce commentaire évocateur au magazine "Nature" : "Un combat de rue".

3/ Les racines.
La mouvance sceptique est particulièrement active aux Etats-Unis, où elle a développé une stratégie de communication très élaborée, observe l’historienne des sciences Naomi Oreskes (auteur du livre "Marchands de doute"). Objectif de la manœuvre : entretenir la confusion en exploitant les marges d’incertitude de la science climatique. Selon elle, les racines de ce mouvement remontent à la fin de la guerre froide. Après la chute du mur de Berlin, un groupe de scientifiques conservateurs issus du projet Manhattan et rassemblés autour de l’éminent physicien Frédéric Seitz voit dans la montée en puissance de l’écologie une nouvelle menace, à savoir un mouvement cryptocommuniste qui doit être combattu. En 2004, afin de voir si, comme l’affirment les sceptiques, le consensus sur le réchauffement n’était que de façade, cette chercheuse s’était livrée à un exercice instructif, passant en revue 928 articles traitant du changement climatique global publiés entre 1993 et 2003 dans des revues soumises au processus de révision par les pairs. Résultats des courses : aucune de ces études ne remettait formellement celui-ci en cause. Une foule de "think tanks" dévoués à la cause sceptique ont ainsi vu le jour outre-Atlantique. Parmi ceux-ci, on peut citer le George C. Marshall Institute, le Heartland Institute (qui soutient le Tea Party) ou encore le Science and Environmental Policy Project, autour desquels gravitent des scientifiques comme le physicien Richard Lindzen ou son collègue Fred Singer. Point commun de ces organisations dans lesquelles on voit souvent réapparaître les mêmes noms : elles défendent une idéologie ultralibérale, voire libertarienne, axée sur la primauté du libre marché et une opposition viscérale à une régulation des pouvoirs publics. Le climat n’est pas leur seul dada : les effets des pluies acides, la nature cancérigène de l’amiante ou du tabac figurent également parmi leurs sujets de contestation. Leur lien financier avec des producteurs d’énergie fossile est une autre caractéristique.
Entre 1998 et 2005, Exxon a ainsi déboursé 16 millions de dollars pour soutenir des organisations sceptiques et, comme l’a récemment révélé le "Times", continuerait à le faire.
Mise à jour en 2005, la campagne de désinformation (calquée sur celle élaborée en son temps par l’industrie du tabac) organisée par cette entreprise avec certaines complicités au sein de l’administration Bush est, à ce titre, édifiante. Dans les mois qui ont précédé le sommet de Copenhague, le financement du lobbying sur le climat par les entreprises américaines a d’ailleurs explosé, selon le Center for Public Integrity.
De tels "think tanks" sont également actifs en Europe. C’est par exemple le cas de la Global Warming Policy Foundation, qui compte notamment au sein de son conseil scientifique le Français Vincent Courtillot, proche de l’ancien ministre Claude Allègre. Ces deux géophysiciens ont entamé un bras de fer très médiatique avec la communauté des spécialistes hexagonaux du climat. Ces derniers leur reprochent tout à la fois leurs prises de position sur un sujet hors de leur champ d’expertise, des propos outranciers­ mettant en cause leur probité et, plus grave, de colporter des erreurs manifestes allant jusqu’à des graphiques bidouillés. Sous leur insistance, l’Académie des sciences a récemment organisé un débat sur la question climatique, dont les conclusions devraient être rendues publiques sous peu. Enfin, on pourrait encore citer le statisticien danois Bjorn Lomborg qui, après avoir longtemps proclamé que l’alarmisme climatique était exagéré, semble avoir viré sa cuti. Dans son dernier ouvrage, celui-ci reconnaît désormais l’importance du problème et la nécessité de développer des solutions pour y répondre.

Gilles Toussaint
Mis en ligne le 27/10/2010


2 -  Edito : Et pourtant, elle chauffe
                  (Gilles Toussaint - 27/10/2010)
               

De passionnels, les débats sur le changement climatique sont devenus passablement vénéneux au cours de ces derniers mois; la communauté des spécialistes du sujet subissant les assauts répétés de la galaxie des sceptiques autoproclamés. En soi, la remise en question d’une thèse dominante est une démarche saine. Le doute est par nature le moteur du processus scientifique. Mais n’en déplaise à leurs détracteurs, les "réchauffistes" - incarnés par le Giec - ne procèdent pas autrement. Ce dernier n’a d’ailleurs jamais affirmé que le débat était clos, mais simplement qu’en l’état actuel des connaissances, l’influence prépondérante des activités humaines sur le climat paraît de plus en plus difficilement contestable et qu’il convient de s’en préoccuper. Les sceptiques défendent d’autres thèses. Fort bien, mais force est de constater qu’ils n’ont pas su, jusqu’à présent, apporter une démonstration convaincante de leur point de vue dans l’arène scientifique. En endossant la posture de Galilée des temps modernes que l’on voudrait bâillonner et en agitant le chiffon rouge du "grand complot" pour rallier à leur cause des citoyens déboussolés, leur contestation prend une tournure nauséabonde.

Les conclusions du Giec sont dérangeantes en ce sens qu’elles questionnent en profondeur le fonctionnement de nos sociétés et qu’elles comportent une part d’incertitude. Misons donc sur la confiance. Confiance dans le fait que les politiques de lutte contre le réchauffement sont une opportunité de développement et de progrès partagés par tous, et non une quelconque régression.

Ce n’est pas la fin du monde.

3 -  Des sénateurs climato-sceptiques financés par des industriels (AFP)

La résolution, qui a échoué au Sénat, aurait privé l'administration américaine d'un outil important pour légiférer en la matière.

      Plusieurs grands noms de l'industrie européenne, dont les allemands Bayer et BASF, et français Lafarge et GDF-Suez, ont financé des sénateurs américains niant les dangers du réchauffement climatique, selon un rapport publié lundi par le Réseau Action Climat d'Europe (RAC).
Ce document, dont l'AFP a obtenu une copie, révèle que "les plus gros pollueurs européens", selon le RAC, ont versé plus de 306.000 dollars en 2010 à des sénateurs climato-sceptiques ou s'opposant à la loi sur le climat aux Etats-Unis.

Le rapport de ce réseau de 130 ONG engagées dans la lutte contre le changement climatique, est basé sur des chiffres publiés en octobre par la Commission fédérale électorale américaine à l'occasion des élections à mi-mandat du président Obama le 2 novembre. Ils détaillent les sommes reçues par chaque sénateur et le nom du donateur, conformément à la politique de transparence américaine sur le financement des élus."Un groupe des plus gros producteurs de dioxyde de carbone (CO2) en Europe finance les campagnes politiques de certains des plus fervents opposants à l'action contre le changement climatique au sein du Sénat", écrivent les auteurs du rapport tout en soulignant que "ces entreprises européennes font en même temps du lobbying contre des réductions drastiques de ces émissions (de gaz à effet de serre GES) en Europe avec l'argument qu'il ne faut rien faire avant toute action des Etats-Unis en la matière".
Selon le RAC, il s'agit de "sabotage à l'échelle mondiale parce que l'absence d'action aux Etats-Unis a été l'une des principales raisons de l'échec" du Sommet de Copenhague en décembre dernier.
Le rapport affirme que le cimentier français Lafarge, responsable de l'émission l'an dernier de 15 millions de tonnes d'équivalent CO2, a versé 34.500 dollars et GDF-Suez 21.000 dollars aux élus américains climato-sceptiques ou opposés à l'instauration d'un marché du carbone aux Etats-Unis.
Le plus généreux donateur du groupe, selon le rapport, a été le groupe pharmaceutique allemand Bayer avec 108.100 dollars suivi par BASF avec 61.500 dollars.

Le porte-parole de Bayer, Günter Forneck, interrogé lundi par l'AFP, a dit que le groupe "ne peut pas commenter" le montant ou la destination des fonds. "Ce ne sont pas des dons d'entreprise, ce n'est pas l'argent de l'entreprise, c'est un système établi aux Etats-Unis selon lequel l'entreprise collecte les dons des salariés qui veulent s'engager. Ce qu'ils en font c'est leur affaire... c'est la démocratie", a-t-il ajouté.

Parmi les autres entreprises citées dans le document on trouve le sidérurgiste Arcelor-Mittal (luxembourgo-indien), le pétrolier britannique BP, le chimiste belge Solvay et le groupe énergétique allemand EON.

Selon le RAC "ce double jeu (des industriels de l'UE) peut en partie s'expliquer par les profits extraordinaires que vont réaliser ces entreprises entre 2008 et 2012 compte tenu des objectifs de réduction actuels au niveau européen (-20% des émissions des GES d'ici 2020) et du laxisme du marché des émissions" de ces mêmes gaz.

L'ONG britannique Sandbag a notamment estimé ces gains à près de 18 milliards d'euros dont 330 millions d'euros pour Lafarge par exemple.Parmi les sénateurs financés, un nom revient souvent, celui de la sénatrice républicaine Lisa Murkowski, "cerveau de la résolution pour empêcher l'agence fédérale américaine de protection de l'environnement de réglementer les émissions de gaz à effet de serre".

Gilles Toussaint
Mis en ligne le 27/10/2010


4 - Brèves
Des entreprises européennes financent des sceptiques américains
 
Des entreprises européennes polluantes financent des sénateurs américains contestant le réchauffement climatique et s’opposant à des mesures pour le combattre, affirme l’ONG Climate Action Network (CAN) Europe dans un rapport publié lundi (25 octobre).
Selon ce rapport fondé sur l’analyse de données de la commission électorale fédérale américaine, ces entreprises ont ainsi tenté d’influencer la législation américaine sur le climat et l’énergie en finançant des candidats qui s’opposent à une politique américaine destinée à infléchir le réchauffement climatique. Et dans le même temps, celles-ci combattent des législations fortes sur le climat en Europe, arguant qu’il ne faut pas agir avant toute action des Etats-Unis en la matière.
Des gros émetteurs européens de gaz à effet de serre (Lafarge, GDF Suez, EON, BP, BASF, Bayer, Solvay et ArcelorMittal), dont certains sont installés en Belgique, auraient versé environ 172 000 € à des sénateurs. Ce montant équivaut à près de 80 % de l’argent que ces entreprises ont dépensé pour les élections sénatoriales en 2010.
Le plus généreux donateur est le groupe pharmaceutique allemand Bayer. Interrogé lundi par l’AFP, le porte-parole du groupe s’est refusé à commenter le montant ou la destination de ces fonds. "Ce ne sont pas des dons d’entreprise, ce n’est pas l’argent de l’entreprise, c’est un système établi aux Etats-Unis selon lequel l’entreprise collecte les dons des salariés qui veulent s’engager. Ce qu’ils en font c’est leur affaire C’est la démocratie", a-t-il ajouté. (Belga et AFP)

  5 - LIRE AUSSI :
  • Les rouages de l’horlogerie climatique
  • Les points "chauds"




Référence : Les dossiers "Notre Planète" de lalibre.be       


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