16 mai 2009

La biodiversité, c’est l’âme de l’Humanité

De nombreuses espèces enregistrent des déclins inquiétants. Pour l'écologue Robert Barbault, cette crise est à la fois écologique et morale.

La nouvelle Libre Belgique publie chaque jour une page consacrée aux questions écologiques. Ce "Dossier Planète" est accessible sur le site de La Libre : http://www.lalibre.be/dossier.phtml?id=10&folder_id=331

Le 11 mai, on pouvait y lire un entretien de Gilles Toussaint avec Robert Barbault, directeur du département Ecologie et Gestion de la Biodiversité du Muséum national d’Histoire naturelle français.
Vous trouverez cet entretien sur le Blog "Changer le rêve"
Voici quelques extraits qui me parlent particulièrement.

S’il n’y avait pas eu la vie sur terre, qui a abouti à la formation de calcaire, on n’aurait pas eu de pierres pour construire Notre-Dame de Paris.

• Êtes-vous favorable à l'idée de faire payer les services rendus par la nature ?

Cette notion de services écologiques - la purification de l’eau, la régulation du climat, les pollinisateurs - passe assez bien. On les associe à des chiffres de nature économique et tout d’un coup cela a l’air plus important. Mais je pense qu’il faut être très prudent car la cause fondamentale de la dégradation de la biodiversité, c’est le système économique dominant et le marché libre. Donc, se dire que pour faire prendre au sérieux ce problème et le résoudre, on va le quantifier économiquement, c’est finalement continuer de soumettre la nature à ce qui est à la cause de sa destruction.

La biodiversité représente le tissu vivant de la planète. (...) Si cela dure depuis quatre milliards d’années, c’est parce qu’il y a de la diversité. Ce tissu vivant a une ampleur planétaire, nous sommes concernés quand des espèces disparaissent, quand le tissu vivant se déchire, car c’est la qualité des milieux dans lesquels nous vivons qui se détériore.
En présentant les choses de cette manière, les gens réalisent que c’est important et qu’à la limite, la crise financière n’est qu’un épiphénomène de cette dégradation.

D’abord faire prendre conscience aux gens du fait que s’il y a un problème, c’est précisément parce que les hommes, en particulier les Occidentaux modernes, ont perdu de vue qu’ils dépendaient de la nature pour leur propre bien-être.

La fameuse phrase attribuée à Einstein à propos des abeilles, il faut la voir d’un point de vue symbolique. Cela veut dire que si l’espèce humaine est conne au point d’entraîner la disparition des pollinisateurs, elle finira effectivement par aller à sa perte. Non pas parce que les espèces disparaissent, mais parce qu’elle est profondément destructrice.

Derrière la crise actuelle de la biodiversité se joue la dimension humaine, humaniste de notre espèce. La question est de savoir si cette dimension va survivre à une destruction massive qui n’est pas seulement une destruction de la nature, mais qui est aussi une destruction sociale, économique et morale. La destruction des milieux tropicaux va de pair avec la destruction des conditions de vie des populations qui y vivent. Ce n’est pas les pauvres du Sud qui détruisent la biodiversité, c’est essentiellement le développement de nos sociétés occidentales qui entraînent la destruction des milieux par surexploitation et avidité.

Robert Barbault écrit beaucoup de livres et entre autres "Un éléphant dans un jeu de quilles- L’homme dans la biodiversité". Editions du Seuil.

Je vous signale aussi une intervention de Robert Barbault sur la biodiversité à écouter sur le site de la Bibliothèque Centre Pompidou.

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