30 mars 2020

Réflexions coronavirales

Ce matin j’ai attrapé un mot.

J’ai pensé : “de trois choses l’une :
- ou bien j’ai le virus et je dois, à tout prix, éviter de le refiler à quelqu’un d’autre.
- ou bien j’ai le virus avec des symptômes, et je dois en plus trouver le moyen de me soigner. Intelligemment, trouver le juste traitement.
- ou bien je n’ai pas le virus et je dois à tout prix éviter de l’attraper.”
Le voilà, ce mot qui m’a sauté à l’assaut de mes neurones : attraper !
Pour prendre quelque chose, pour l’attraper, il faut faire un geste.

En fait, ce mot veut dire que pour éviter le virus, je ne dois pas seulement rester passif, mais éviter de faire quelque chose. C’est donc un acte, une action, volontaire ou par inadvertance. J’aime bien ce mot inadvertance, qui vient de Salomon Selam : un accident par inadvertance, c’est vraiment trop bête mais on peut l’éviter en étant simplement vigilant, conscient. On pourrait dire maintenant dans la “pleine conscience”.
Eviter d’attraper le virus, c’est simplement être activement vigilant, donc éviter de faire quelque chose : sortir, aller au contact, faire semblant de rien, faire comme avant…

Si tout le monde était conscient de cela, le confinement serait quelque chose de positif.
Pas seulement subir passivement, mais considérer que c’est un geste à la fois auto protecteur et social, une action génératrice de solidarité, de convivialité. Paradoxal, n’est-il pas ?

Par contre, attrapez-moi le virus de la solidarité et de la bienveillance.
C’est une manière de construire l’avenir sur de nouvelles bases, qui vont nous être bien nécessaires, car ceci n’est qu’un signal avant coureur d’une planète aux abois.

Note.
J’espère que les Hollandais vont bientôt élever leur niveau de conscience, avant de contaminer leurs voisins. Il semble bien que la Suisse ait maintenant bien mesuré les risques de la progression du coronavirus. Les informations venant d’Italie nous montre que cette petite bête est vraiment infecte. Voilà pour l’Europe. J’ai aussi une pensée pour les Gazaouis : pas de contamination là-bas, mais eux, ils sont confinés depuis 14 ans !
J’ai enfin une pensée par l’Afrique sud-saharienne, qui peuvent - doivent - se préparer dès maintenant, alors que le virus va faire des ravages seulement dans quelques semaines, dans des villes et bidonvilles surpeuplés sans hôpitaux et sans équipements sanitaires.

Michel Simonis,
samedi 21 mars 2020


Et pour prolonger, je vous invite à prendre connaissance d’une tribune des “Pisteurs d’imagine” :

“ Dès aujourd’hui, notre rédaction et le comité d’accompagnement de notre réforme #Imagine2020, baptisé Les Pisteurs d’Imagine et composé d’une quinzaine de personnalités issues de la société civile, co-signent une tribune intitulée « Après la pandémie ». « Notre devoir aujourd’hui est de savoir lire, dans ces crises, la possibilité d’une refondation », peut-on lire dans cet appel collectif à découvrir sans tarder sur notre site www.imagine-magazine.com.

En voici un extrait :
La crise est sanitaire. Elle a déjà débouché sur une crise financière. Elle annonce une crise économique majeure, avec des fermetures d’entreprises en chaîne, une augmentation brutale du chômage, et une mise à l’épreuve des systèmes de protection sociale dans toutes les régions du monde.
Notre devoir aujourd’hui est de savoir lire, dans ces crises, la possibilité d’une refondation de notre vivre ensemble autour de valeurs fortes, positives et partagées, en adéquation avec les limites planétaires.

C’est notre dernière chance. Depuis quarante ans, les inégalités se sont creusées presque partout. Nous sommes témoins de la sixième extinction massive des espèces, d’une dramatique dégradation des sols, et d’une accumulation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère qui transforment peu à peu la Terre en étuve. Les phénomènes météorologiques extrêmes vont se multiplier, avec des impacts importants notamment sur la production alimentaire. Les migrations forcées de population vont augmenter en conséquence : le nombre de réfugiés climatiques pourrait s’élever en 2050 à 140 millions (selon la Banque mondiale), voire 200 millions (selon l’Organisation des Nations Unies).

Il faut changer de cap. Cette crise, pourvu qu’on veuille bien s’en saisir, en offre l’opportunité. Nous prenons à nouveau conscience d’un destin partagé. Nous prenons aussi conscience de ce qu’ensemble, nous pouvons transformer la société. Aller vers plus de convivialité et de solidarité. Reconquérir des espaces d’autonomie, où chacun peut s’épanouir autrement qu’en tant que producteur ou consommateur. Ralentir cette course folle vers le franchissement des limites planétaires, et peu à peu assurer l’habitabilité future de la planète pour nos petits-enfants. Ce n’est déjà plus un espoir qu’on formule : c’est un impératif éthique qui s’impose à nous.

Nous assistons à une incroyable expérience d’apprentissage collectif accéléré.
Notre devoir n’est pas seulement d’apprendre, mais aussi, déjà, de ne pas oublier. A partir de ces nouvelles manières de produire et de consommer, de s’entraider et de se déplacer, d’enseigner et de prendre soin les uns des autres, une nouvelle société peut s’inventer : une société conviviale et solidaire, dans le respect des limites planétaires.
Nous savions ce qu’il fallait faire. Nous savons à présent comment, face à des circonstances nouvelles, nous sommes capables d’opérer des transformations radicales dans notre manière de fonctionner, à l’échelle individuelle et collective. Ce que nous sommes en train réussir contre l’épidémie du Covid-19 — une mobilisation générale fondée sur la responsabilité de chacun à l’égard de tous les autres, une remise en cause de nos routines —, nous avons le devoir d’y parvenir aussi afin de ralentir la dégradation des écosystèmes, et notamment d’atténuer le changement climatique. On nous dit que cela n’est pas possible. On nous dit que nos cerveaux sont capables de comprendre les risques immédiats, qui nous concernent en proche, mais qu’ils ne sont pas outillés pour réagir aux risques lents, ou aux menaces lointaines et abstraites. Nous disons que nous sommes capables d’apprendre. Qu’il est temps. Que c’est maintenant — ou bien ce ne sera jamais.

La rédaction du magazine Imagine et le comité d’accompagnement du processus #Imagine2020 appelé Les Pisteurs d’Imagine

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